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À traduire

Recueil Alexandries

avril 2012

Ludmila Acone

Sélection et traduction d’articles du journal "Il Manifesto"

résumé

IL MANIFESTO est un journal historique de la gauche critique en Italie. Fondé pour en juin 1969 par une frange dissidente du PCI, ses premiers rédacteurs furent exclus du parti dès le deuxième numéro, en novembre 1969, qui condamnait l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes de l’Union soviétique. Son site est ici : http://www.ilmanifesto.it/ En 2012, IL MANIFESTO a vu ses ventes chuter, sous l’effet de la baisse du pouvoir d’achat. En outre, le gouvernement italien a supprimé certaines aides à la presse. IL MANIFESTO fait donc appel à ses lecteurs pour des dons ou des abonnements : http://www.ilmanifesto.it/approfond...

Etat : traduit (italien // français)

à propos

Avec l’autorisation de la rédaction donnée au réseau Terra de publier des traductions d’articles, Ludmila Acome traduit ceux de son choix qui sont ensuite publiés sur la liste de diffusion [TERRA-Quotidien]. Cette page les regroupe en ordre chronologique inversé.

citation

Ludmila Acone, "Sélection et traduction d’articles du journal "Il Manifesto"", Collections À traduire, Recueil Alexandries, avril 2012, url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article1241.html

Sommaire


Sonia Cincinelli et Silvio Messinetti : "La poudrière de Crotone prête à réexploser", Il Manifesto, 13 mai 2011

(traduit de l’italien par Ludmila Acone pour Terra, 3 août 2011).

CROTONE – A minuit les traces de la bataille sont encore là. Sur l’asphalte, les restes de 3 heures de révolte pour réclamer des droits et la dignité. Des morceaux de bouteilles, de bois, des débris et des morceaux de tuf, un tapis de rage qui a enfin explosé. 50 somaliens demandeurs d’asile, dans la nuit de lundi à mardi ont mis à sac le « Sant’Anna » dans l’ile de Capo Rizzuto. Une émeute qui s’est développée d’abord à l’intérieur du centre puis s’est propagée à l’extérieur le long de la route nationale ionienne bloquée ainsijusqu’à au cœur de la nuit. Bataille de cailloux, véhicules démantelés, automobiles des carabiniers et de la police endommagés. Alors que les touristes avaient débarqués dans l’Aéroport civil voisin de Crotone, ils assistaient à un scénario de guérilla, spectateurs ignorants d’une révolte pour la liberté. Migrants et police en déploiement anti émeute se sont faits face longtemps entre les charges et les lancements de projectiles. Jusqu’à ce que les migrants aient décidés de se replier dans le centre d’accueil « Sant’Anna ». Le bilan est lourd : 3 arrestations parmi les manifestants et 35 blessés dont 11 agents. “Il s’agissait uniquement d’une émulation de la protestation de Bari” dit presque en minimisant le commissaire de Crotone, Giuseppe Gammino, accouru sur place. C’est vrai jusqu’à un certain point, car la rage couvait depuis longtemps, trop longtemps. Ce sont des dizaines de Somaliens, hébergés dans le camp, qui ont déclenché les émeutes, en contacts téléphonique avec les migrants de Bari-Palese. Se plaignant des retards ou des refus obtenus dans le cadre des procédures de reconnaissances de leur statuts de réfugiés et réclamant un permis de séjour ou un permis temporaire pour des raisons humanitaires. Mais en réalité la protestation a concerné directement les conditions de vie du camp : très mauvais services à commencer par la distribution des repas (ce n’est pas par hasard si la rage des migrants a commencé à la cuisine mise à feu), peu d’assistance (légale et sanitaire), stress émotionnel, contraintes, abus de pouvoir, des conteneurs délabrés dans une structure militarisée autrefois aéroport militaire. Tout cela est dénoncé dans les rapports annuels de Médecins sans Frontières et d’autres organisations humanitaires. Rester à l’intérieur de ces structures sans rien savoir de leur avenir, a crée un malaise de masse grandissantant chaque jour et devenu le véritable détonateur de la révolte. Dans le centre, géré par les “Misericordie” de l’île, le nombre de personnes est arrivé hier à 1400, presque le maximum possible, ils sont entassés comme des sardines dans des conditions de chaleur torrides. Une situation de dégradation, à la limite du supportable dans un centre fermé et inaccessible aux militants, journalistes et assistants juridiques, auxquels l’entrée à été interdite même dans les heures suivant les affrontements. C’est une censure indigne, fruit d’une circulaire ministérielle, fortement voulue par Roberto Maroni (ministre de l’Intérieur de la Ligue du nord, ndt.) qui interdit l’accès aux Centres d’accueil (pauvre) où sont enfermés des citoyens fuyant les persécutions ethniques et les conflits régionaux, à la recherche de cet espoir dans l’avenir que la globalisation et le développement inégal de la planète leur interdit là où ils sont nés, et qui se perpétue dans le soi-disant “Beau pays” où la “méchanceté” revendiquée par nos ministres prive les migrants de droits et d’identité. Cela ne produit certes pas de la “sécurité” mais est uniquement une source de frustration et de conflits sociaux, comme le démontrent les révoltes sur le périphérique de Bari et sur la route nationale Ionienne.

La polveriera di Crotone è pronta a riesplodere - Sonia Cincinelli, Silvio Messinetti

CROTONE - A mezzanotte i segni della battaglia sono ancora tutti lì. Stesi sull’asfalto, residui di tre ore di rivolta per reclamare diritti e dignità. Cocci di bottiglia, assi di legno, calcinacci, pezzi di tufo, un tappeto di rabbia finalmente esplosa. Cinquanta somali richiedenti asilo, nella notte tra lunedì e martedì, hanno messo a ferro e a fuoco il Cara « Sant’Anna » di Isola Capo Rizzuto. Una sommossa sviluppatasi prima all’interno del centro, poi propagatasi fuori, lungo la Statale Jonica rimasta bloccata fino a notte fonda. Sassaiole, mezzi divelti, auto di Carabinieri e Polizia danneggiate. Mentre i turisti sbarcati nel prospiciente aeroporto civile di Crotone assistevano allo scenario di guerriglia, ignari spettatori di una rivolta per la libertà. Migranti e polizia in assetto antisommossa si sono fronteggiati a lungo tra cariche e lanci di oggetti. Fino a quando i migranti hanno deciso di ripiegare, rientrando nel Sant’Anna. Il bilancio è pesante : tre arresti tra i manifestanti e 35 feriti tra cui undici agenti. « Si è trattato soltanto di un’emulazione della protesta avvenuta a Bari » ha detto quasi a voler minimizzare il questore di Crotone, Giuseppe Gammino, accorso sul posto. Vero, ma fino a un certo punto. Perché la rabbia covava da tanto, troppo tempo. Ad inscenare gli scontri sono stati, in effetti, decine di somali, ospiti del Campo in contatto telefonico con i migranti di Bari-Palese. Lamentando ritardi o dinieghi nelle procedure di riconoscimento dello status di rifugiati, e in alternativa reclamando un permesso di soggiorno temporaneo per motivi umanitari. Ma, in realtà, la protesta ha riguardato tout court le condizioni di vivibilità del Campo : pessimi servizi a cominciare dalla distribuzione dei pasti (non a caso la furia dei migranti si è accanita soprattutto sulla cucina, andata a fuoco), scarsa assistenza (legale e sanitaria), stress emotivo, costrizioni, soprusi, container fatiscenti in una struttura militarizzata, un tempo aeroporto militare. Il tutto puntualmente denunciato dai rapporti annuali di Medicine sans Frontieres e di altre organizzazioni umanitarie. Rimanere all’interno di tali strutture senza avere cognizione del proprio futuro ha creato un disagio di massa, acuitosi giorno dopo giorno e divenuto il vero detonatore della rivolta. Nel centro, gestito dalle Misericordie di Isola Capo Rizzuto, le presenze fino a ieri raggiungevano quota 1400, quasi la capienza massima. Con gli ospiti stipati come sardine in condizioni climatiche di caldo torrido. Una situazione di degrado al limite della sopportazione umana, in un centro chiuso e inaccessibile ad attivisti, giornalisti ed operatori del diritto. A cui persino ieri, nelle ore successive ai tafferugli, è stata interdetta l’entrata. Un’indegna censura, frutto di una circolare ministeriale fortemente voluta da Bobo Maroni, che interdice l’accesso a Centri di (poca) accoglienza dove vengono rinchiusi cittadini in fuga da persecuzioni etniche o conflitti regionali in cerca di quella speranza di futuro che la globalizzazione e lo sviluppo ineguale del pianeta negano là dove sono nati. E che si perpetua nel sedicente Belpaese dove la rivendicata « cattiveria » di ministri nostrani priva i migranti di diritti ed identità. Che non produce certo « sicurezza » ma è foriera solo di frustrazione e conflitto sociale. Come i riots sulla Tangenziale di Bari e sulla Statale Jonica stanno lì a dimostrare.

SourceTerra :http://mobile.ilmanifesto.it/area-a...


Matteo Rinaldini : "Indiens de Reggio Emilia", Il Manifesto, 13 mai 2011

(traduit de l’italien par Ludmila Acone pour Terra, 17 juin 2011).

A Reggio Emilia les travailleurs indiens de la GFE sont en train de mener une lutte exceptionnelle par sa valeur symbolique. La simple reconstruction de cet événement permet d’en comprendre le caractère emblématique. La GFE était une entreprise coopérative de portage crée ad hoc (externalisée) par la Snatt, entreprise logistique basée à Campegine (province de Reggio Emilia) comme seul donneur d’ordres. Les porteurs de la GFE, environ 400 travailleurs, presque tous d’origine indienne, étaient payés à peine plus de 5€ de l’heure et embauchés sous un contrat de travailleurs-associés. Après plusieurs années passées dans ces conditions, les travailleurs de la GFE ont commencé à lutter et faire grève avec le soutient de la CGIL et en exerçant en assemblée leur droit de vote en tant que travailleurs associés. Ils ont décidés de passer à l’adoption d’un contrat collectif national (signé par la CGIL, la CISL et l’IUIL et les principales associations catégorielles du secteur). Face à la décision prise par les travailleurs associés, la SNATT a décidé d’interrompre tout rapport commercial avec la GFE en la condamnant à la fermeture. Elle a crée deux nouvelles coopératives et leur a imposé l’application d’un contrat collectif national connu pour être une convention factice. Une fois les deux coopératives crées, ils ont commencé à embaucher des travailleurs en leur demandant de souscrire individuellement un contrat aux conditions de travail tout à fait semblables à celles que les travailleurs de la GFE avaient décidés de changer. Une cassure s’est créée : d’un côté une partie des travailleurs indiens, environ 200, ont décidés d’accepter les nouvelles conditions imposés ; d’autres, également environ 200, ont décidé que la situation était inacceptable. Que s’il avait baissé la tête, ils n’auraient probablement pu été capables de la relever. Cela a donné lieu à une mobilisation qui dure depuis plusieurs mois. En effet depuis l’automne dernier face à la SNATT, (qui est le même lieu où travaillait les travailleurs associés de la GFE) les grévistes indiens organisent des piquets. Pendant plusieurs jours des travailleurs exaspérés par une situation bloquée mais visiblement décidés à poursuivre leur lutte jusqu’au bout, ont commencé une grève de la faim et de la soif. L’attention des média locaux a connu des hauts et des bas et étrangement, en quelques occasions seulement, la lutte des travailleurs indiens de la GFE a gagné une notoriété nationale. Pourtant celle-ci nous dit beaucoup de choses. En premier lieu elle montre pleinement le caractère envahissant des processus de déflagration sociale qui se déroule actuellement et le niveau de violence atteint dans les relations industrielles dans ce pays. En effet dans l’un des articles parus ces derniers jours sur un quotidien local, le cas de la GFE a été rapproché de celui de Fiat à Pomigliano et à Mirafiori.[1] De manière analogue à d’autres cas et avec d’autres travailleurs, dans le cas de Reggio Emilia, les politiciens locaux (de toute appartenance) se sont dépensés pour l’acceptation des raisons de l’entreprise comme condition indispensable pour le maintient de la production. Encore une fois a été mis en scène le spectacle tragi-comique où des messieurs et des dames comme il faut, aux revenus actuels de plusieurs dizaines, (si ce n’est de centaines) de milliers d’euros, expliquent à d’autre messieurs et dames que, malgré tout il vaut mieux accepter de travailler pour 5 € de l’heure, même dans des conditions encore plus mauvaises, car autrement cela pourrait être pire. Nombreuses sont donc les similitudes entre le cas de la GFE et les cas de délocalisation dont on a beaucoup parlé. Avec un aspect particulier dans ce cas : pour délocaliser il n’est pas nécessaire d’aller en Serbie. Il suffit de changer quelques papiers et de faire naitre d’un coup “de nouvelles coopératives”. En deuxième lieu cette histoire fait émerger toute la complexité des rapports qui existent entre formes de protections et de solidarité que quelqu’un définit comme “communautaires” (terme qu’il faudrait utiliser avec précaution), le conflit social et les formes de protection et de solidarité issues des contrats collectifs. Quiconque a connu de près cette lutte (en soutenant ses raisons ou en s’y opposant), s’est rendu compte du poids qu’on eu dans la construction de cette mobilisation les rapports de solidarités issus d’un réseau relationnel à la base géo-culturelle. De l’aveu même des syndicalistes de la CGIL (seule organisation syndicale qui a soutenu les travailleurs en lutte), le seul soutien fournis par le syndicat n’aurait pas suffi à faire résister ces travailleurs aussi longtemps. En même temps il est évident que la réponse de l’entreprise, le refus d’appliquer le contrat collectif, a coupé en deux la “communauté des Indiens”. Tout cela met en évidence la puissante articulation des relations entre le conflit social, la “cohésion communautaire” et des formes de protections et de solidarités issues des contrats collectifs. Dans ce sens la lutte de la GFE serait l’occasion pour réfléchir précisément sur ces relations. Non pas pour opposer les pratiques du conflit social aux formes de cohésion sociales de matrice “communautaire” ou pour opposer ces dernières aux formes de protection et de solidarité issues de la contractualisation, et pour en comprendre la complexité et les interpénétrations (et non nécessairement et des oppositions) réciproques. En troisième lieu cette lutte possède toute les caractéristiques d’un point de non retour de cette idée dure à mourir qui voit les travailleurs immigrés, soit en compétition directe avec les travailleurs italiens ou du moins comme une cause de l’abaissement des conditions de travail en général. Les travailleurs de la GFE marquent en effet la fin définitive du mythe de l’immigré comme cause de la dégradation des conditions de travail en général. Dans ce cas ce sont précisément les immigrés qui n’acceptent pas la dégradation radicale des conditions de travail (à commencer par le salaire horaire) ce sont les immigrés qui n’acceptent pas qu’un travailleur, de n’importe quelle nationalité ne puisse pas avoir d’autre conditions de travail (et de vie) par rapport à leurs propres collègues, tandis que les Italiens ( pardonnez moi pour cette généralisation) semblent tout au plus rester regarder à la fenêtre et acceptant résignés le caractère inévitable du processus de « désassociation » de la Société. Ce sont les immigrés, avec leurs corps « la seule chose qui leur reste », (ce sont leurs propres mots) qui tentent de bloquer un processus qui, que personne ne se fasse d’illusion, est envahissant et ne concerne pas seulement une partie des travailleurs, mais plutôt les travailleurs de ce pays dans leur ensemble de Turin à Pomigliano. Comme si les immigrés que quelqu’un définit comme des « corps étrangers », avaient assumés la tache ingrate de jouer le rôle des « anticorps » face à un germe qui a attaqué tout l’organisme social.

NDLR :

[1] Récemment l’administrateur délégué de FIAT, Marchionne a initié une opération analogue en imposant à des usines du groupe de fermer pour ensuite embaucher de nouveaux les travailleurs dans des entreprises non soumises au contrat nationale de travail et en leur imposant des clauses d’embauche qui durcissent leurs conditions de travail.

Indiani DI Reggio Emilia- Matteo Rinaldini

A Reggio Emilia les travailleurs indiens de la GFE sont en train de mener une lutte exceptionnelle par sa valeur symbolique. La simple reconstruction de cet événement permet d’en comprendre le caractère emblématique. La GFE était une entreprise coopérative de portage crée ad hoc (externalisée) par la Snatt, entreprise logistique basée à Campegine (province de Reggio Emilia) comme seul donneur d’ordres. Les porteurs de la GFE, environ 400 travailleurs, presque tous d’origine indienne, étaient payés à peine plus de 5€ de l’heure et embauchés avec un contrat de travailleurs-associés. Après plusieurs années passées dans ces conditions, les travailleurs de la GFE ont commencé à lutter et faire grève avec le soutient de la CGIL et en exerçant en assemblée leur droit de vote en tant que travailleurs associés. Ils ont décidés de passer à l’adoption d’un contrat collectif national (signé par la CGIL, la CISL et l’IUIL et les principales associations catégorielles du secteur). Face à la décision prise par les travailleurs associés, la SNATT a décidé d’interrompre tout rapport commercial avec la GFE en la condamnant à la fermeture. Elle a crée deux nouvelles coopératives et leur a imposé l’application d’un contrat collectif national connu pour être une convention factice. Une fois les deux coopératives crées, ils ont commencé à embaucher des travailleurs en leur demandant de souscrire individuellement un contrat aux conditions de travail tout à fait semblables à celles que les travailleurs de la GFE avaient décidés de changer. Une cassure s’est créée : d’un côté une partie des travailleurs indiens, environ 200, ont décidés d’accepter les nouvelles conditions imposés ; d’autres, environ 200, ont décidé que la situation était inacceptable. Que s’ils avaient baissé la tête, ils n’auraient probablement plus été capables de la relever. Cela a donné lieu à une mobilisation qui dure depuis plusieurs mois. En effet depuis l’automne dernier, face à la SNATT, (qui est le même lieu où travaillaient les travailleurs associés de la GFE) les grévistes indiens organisent des piquets. Pendant plusieurs jours des travailleurs exaspérés par une situation bloquée mais visiblement décidés à poursuivre leur lutte jusqu’au bout, ont commencé une grève de la faim et de la soif. L’attention des média locaux a connu des hauts et des bas et étrangement, en quelques occasions seulement, la lutte des travailleurs indiens de la GFE a gagné une notoriété nationale. Pourtant celle-ci nous dit beaucoup de choses. En premier lieu elle montre pleinement le caractère envahissant des processus de déflagration sociale qui se déroulent actuellement et le niveau de violence atteint dans les relations industrielles dans ce pays. En effet dans l’un des articles parus ces derniers jours sur un quotidien local, le cas de la GFE a été rapproché de celui de Fiat à Pomigliano et à Mirafiori.[1] D’une manière analogue à d’autres cas et avec d’autres travailleurs, dans le cas de Reggio Emilia, les politiciens locaux (de toute appartenance) se sont dépensés pour obtenir l’acceptation des objectifs de l’entreprise comme condition indispensable pour le maintient de la production. Encore une fois a été mis en scène le spectacle tragi-comique où des messieurs et des dames comme il faut, aux revenus actuels de plusieurs dizaines, (si ce n’est de centaines) de milliers d’euros, expliquent à d’autre messieurs et dames que, malgré tout il vaut mieux accepter de travailler pour 5 € de l’heure, même dans des conditions encore plus mauvaises, car autrement cela pourrait être pire. Nombreuses sont donc les similitudes entre le cas de la GFE et les cas de délocalisation dont on a beaucoup parlé. Avec un aspect particulier dans ce cas : pour délocaliser il n’est pas nécessaire d’aller en Serbie. Il suffit de changer quelques papiers et de faire naître “de nouvelles coopératives”. En deuxième lieu cette histoire fait émerger toute la complexité des rapports qui existent entre formes de protection et de solidarité que quelqu’un définit comme “communautaires” (terme qu’il faudrait utiliser avec précaution), le conflit social et les formes de protection et de solidarité issues des contrats collectifs. Quiconque a connu de près cette lutte (en soutenant ses raisons ou en s’y opposant), s’est rendu compte du poids qu’on eu dans la construction de cette mobilisation les rapports de solidarités issus d’un réseau relationnel géo-culturel. De l’aveu même des syndicalistes de la CGIL (seule organisation syndicale qui a soutenu les travailleurs en lutte), le seul soutien fourni par le syndicat n’aurait pas suffi à faire résister ces travailleurs aussi longtemps. En même temps il est évident que la réponse de l’entreprise, le refus d’appliquer le contrat collectif, a coupé en deux la “communauté des Indiens”. Tout cela met en évidence la puissante articulation des relations entre le conflit social, la “cohésion communautaire” et des formes de protections et de solidarités issues des contrats collectifs. Dans ce sens la lutte de la GFE serait l’occasion pour réfléchir précisément sur ces relations. Non pas pour opposer les pratiques du conflit social aux formes de cohésion sociales de matrice “communautaire” ou pour opposer ces dernières aux formes de protection et de solidarité issues de la contractualisation, et pour en comprendre la complexité et les interpénétrations (et non nécessairement et des oppositions) réciproques. En troisième lieu cette lutte possède toute les caractéristiques d’un point de non retour de cette idée dure à mourir qui voit les travailleurs immigrés, soit en compétition directe avec les travailleurs italiens ou du moins comme une cause de l’abaissement des conditions de travail en général. Les travailleurs de la GFE marquent en effet la fin définitive du mythe de l’immigré comme cause de la dégradation des conditions de travail en général. Dans ce cas ce sont précisément les immigrés qui n’acceptent pas la dégradation radicale des conditions de travail (à commencer par le salaire horaire) ce sont les immigrés qui n’acceptent pas qu’un travailleur, de n’importe quelle nationalité ne puisse pas avoir d’autres conditions de travail (et de vie) par rapport à leurs propres collègues, tandis que les Italiens ( pardonnez moi pour cette généralisation) semblent tout au plus regarder à la fenêtre et accepter résignés le caractère inévitable du processus de « désassociation » de la Société. Ce sont les immigrés, avec leurs corps « la seule chose qui leur reste », (ce sont leurs propres mots) qui tentent de bloquer un processus qui, que personne ne se fasse d’illusions, est envahissant et ne concerne pas seulement une partie des travailleurs, mais plutôt les travailleurs de ce pays dans leur ensemble, de Turin à Pomigliano. Comme si les immigrés, que quelqu’un définit comme des « corps étrangers », avaient assumés la tache ingrate de jouer le rôle des « anticorps » face à un germe qui a attaqué tout l’organisme social.

"SourceTERRA" : http://www.ilmanifesto.it/area-abbo...


Loris Campetti : "Histoires indélébiles dans un monde obscurci par les médias", Il Manifesto, 13 mai 2011

(traduit de l’italien par Ludmila Acone pour Terra, 13 mai 2011).

Si la lutte des classes est terminée, comme nous l’expliquent depuis trente ans les sociologues, les politiques et de nombreux syndicalistes, comment comprendre les résistances ouvrières au “marchionnisme”[1] ?

De quoi s’agirait-il alors ? De tumultes ? On affirme que la lutte des classes est morte pour véhiculer deux messages : le premier est que la Classe n’existe plus mais qu’il n’y a que des individus auxquels se rapporter. Poussée à ses extrêmes conséquences, cette hypothèse présuppose la fin des contrats nationaux de travail[2] et des syndicats tels que nous les avons connus jusqu’à présent. Le deuxième message c’est que nous sommes tous dans le même bateau, patrons et ouvriers, avec toutes les stupidités qui s’en suivent. Antonio Sciotto, vaillant journaliste de Il Manifesto à une époque exemptée de toute suspicion, a conduit ce journal, qui était depuis toujours dans les tranchés à propos des questions du travail, à porter son attention vers les travailleurs atypiques. On les appelait à l’époque des travailleurs flexibles, aujourd’hui tout le monde sait qu’ils sont tout simplement des précaires. C’était l’époque, il n’y a pas si longtemps, ou la sociologie répartissait les personnes qui travaillent entre travailleurs stables et non stables. Articulation qui aujourd’hui a totalement disparu car les contrats à durée indéterminée, toujours moins nombreux, ne garantissent plus ni les droits ni la sécurité de l’avenir du travail. Son livre “Toujours plus bleu, ouvriers dans l’Italie de la grande crise” (Edizioni Laterza, pp. 150, euro 12) est un voyage dans le saccage économique et social. Ses interlocuteurs sont les ouvriers dont l’existence, ils sont 5 millions, peut être cachée, marginalisée, éjectée de la “politique”, mais les chiffres ne sont pas une opinion – personne n’à le culot d’en douter. L’objectif de ce livre n’est pas de disserter sur la fin ou sur la nature de la Classe, sur la conscience de soi, en soi et pour soi. Plutôt, Sciotto nous offre un croquis du monde du travail et de ses conflits, du changement dans la façon de travailler et de vivre le rapport avec la production, l’entreprise et le syndicat. Il le fait en interrogeant les “personnes” et laisse au lecteur la tâche de tirer les conclusions qu’il préfère. Le voyage part de la Innse de Milan[3], le ciel vu du haut de la cabine d’une grue, et les cols bleus qui cherchent de nouvelles formes de lutte, incisives, capables de trouer le mur de brouillard qui cache la condition ouvrière. Les lions de l’Innse percent même l’écran de la télévision (« Hic sunt leones ») et à la fin arrivent à gagner leur lutte qui devient un modèle pour de nombreuses luttes ouvrière dans des usines en crise.

Toutes les formes de lutte “atypique” ne se terminent pas par des victoires, comme la presse nous le rapporte. Les ouvriers sardes de la Vinyls, dans leur île occupée ne voient pas le ciel mais la mer, et par delà la mer, les cheminés d’usine éteintes. Ce sont encore des reclus volontaires dans les cellules d’Asinara[4], avec les chèvres et l’âne blanc aux yeux bleus, avec toute la rage et la détermination de ceux qui sont victimes du démentiellement de l’énième secteur industriel : la chimie. Cette version ouvrière de “l’ile des célébrités” connaît aussi une forte visibilité mais qui s’atténue avec le temps, la couleur passe et l’information aussi. La lutte collective n’est pas la seule réponse à la grande crise. Regardons l’escalade des suicides dans le Nord-est – qui rappelle, même si dans une moindre mesure, le scandale français chez Renault ou France Telecom, qui touche, plus que les ouvriers, les petits entrepreneurs désespérés. Un peu suicidés et un peu tués par les banques et la mauvaise politique. D’autres crises impliquent les territoires qui se sont développés autour des usines en voie de démantèlement, c’est le cas de Termini Imerese, première victime de la globalisation FIAT. D’autres territoires, au contraire, vivent l’usine comme une malédiction dont il faut se libérer le plus tôt possible. L’Ilva de Tarente donne du travail et ôte la santé et la vie à ses ouvriers, comme a ses citoyens et les oblige à dépasser une contradiction entre deux sujets sociaux qui n’existent plus dans la réalité. On ne se limite pas à défendre le travail, mais on est toujours plus contraint à se défendre de l’aliénation d’un travail répétitif et soumis à une intensification croissante. Par une lutte collective, mais dans certaines situations par une forme paradoxale, auto agressive de destruction à travers la cocaïne.[5] L’enquête de Sciotto, qui part de Melfi nous raconte, ou plutôt fait raconter aux protagonistes, le père de tous les conflits, celui de FIAT. C’est une enquête qui continuera sur les pages d’Il Manifesto. L’ouvrage est présenté aujourd’hui au salon du livre de Turin. Outre l’auteur participerons à la rencontre Giuseppe Berta, Susanna Camusso[6], Luciano Gallino et Federico Rampini

NDLR :

[1] Du nom de M. Marchionne, administrateur délégué de FIAT et responsable de la plus grande restructuration jamais connue par l’entreprises visant à un bouleversement des rapports sociaux et à la remise en cause des lois sur le travail.

[2] Le Contrats nationaux, réglementés par la loi sont le pilier du système d’organisation des entreprises italiennes. Ils ont été créés à la suite d’une longue saison de luttes.

[3] Il s’agit d’une lutte des ouvriers de Milan qui ont protesté contre la fermeture de l’usine en « occupant » une grue de l’établissement. Cette lutte victorieuse a été à l’origine d’une série d’occupations similaires dans plusieurs entreprises en crise de la péninsule. Voire aussi Loris Campetti, Innse, una vittoria che insegna :http://www.ilmanifesto.it/archivi/c...

[4] Lieu très célèbre surtout à cause de sa prison éponyme, bâtie pour incarcérer des brigadistes rouges ou d’autres prisonniers politiques dans des cellules de haute sécurité.

[5] Voir Ludmila ACONE, "La classe ouvrière va en enfer", La Tribune de Genève du 8 décembre 2008.

[6] Nouvelle Secrétaire Générale nationale de la CGIL, le plus grand syndicat d’Italie.

Storie incancellabili di un mondo oscurato dai media - Loris Campetti

Se la lotta di classe è finita, come da trent’anni ci spiegano sociologi, politici e molti sindacalisti, come bisogna leggere le resistenze operaie al marchionnismo ? Cosa sarebbero, tumulti ? Si sostiene che la lotta di classe è finita per veicolare due messaggi : il primo è che « la classe » non esiste più ma ci sono solo individui a cui ci si deve rapportare come tali. Portata alle estreme conseguenze, questa ipotesi presuppone la fine dei contratti nazionali di lavoro e dei sindacati per come li abbiamo conosciuti. Il secondo messaggio è che siamo tutti sulla stessa barca, padroni e operai, con le scempiaggini che ne conseguono. Antonio Sciotto, valente giornalista del manifesto che in tempi non sospetti ha portato a questo giornale, da sempre in trincea sui temi del lavoro, la curiosità per i lavoratori anomali, allora si chiamavano flessibili mentre oggi sanno tutti che sono più banalmente precari. Erano tempi, mica tanti anni fa, in cui la sociologia divideva le persone che lavorano in garantite e non garantite, articolazione oggi completamente saltata perché i contratti a tempo indeterminato, sempre meno, non garantiscono più i diritti né la certezza del futuro lavorativo. Il suo libro Sempre più blu. Operai nell’Italia della grande crisi » (Edizioni Laterza, pp. 150, euro 12) è un viaggio nello sconquasso economico e sociale. I suoi interlocutori sono gli operai, della cui esistenza - sono cinque milioni, si possono oscurare, marginalizzare, espellerli dalla « politica » ma la matematica non è un’opinione - nessuno ha la spregiudicarezza di dubitare. L’obiettivo del libro non è di discettare sulla fine o sulla natura della classe, sulla coscienza di sé, in sé, per sé. Piuttosto, Sciotto ci offre uno spaccato del lavoro e dei conflitti, del cambiamento del modo di lavorare e vivere il rapporto con la prestazione, l’impresa e il sindacato. Lo fa interrogando le « persone » e lascia al lettore l’onere di trarre le conclusioni che preferisce. Il viaggio parte dalla Inse di Milano, con il cielo visto dall’alto di un carroponte e le tute blu che cercano nuove forme di lotta, incisive, capaci di bucare il muro di nebbia che nasconde la condizione operaia. Bucano anche la televisione, i leoni dell’Inse (« Hic sunt leones » e alla fine riescono anche a vincere la loro battaglia che diventa un modello per tante realtà operaie in crisi. Non tutte, come la cronaca ci racconta, le forme di lotta « anomale » si concludono con delle vittorie. Gli operai sardi della Vinyls, dalla loro isola occupata non vedono il cielo ma il mare, e oltre al mare le ciminiere spente. Sono ancora autoreclusi nelle celle dell’Asinara, con le capre e l’asino bianco dagli occhi azzurri, con tutta la rabbia e la determinazione di chi è vittima dello smantellamento dell’ennesimo comparto industriale : la chimica. La versione operaia dell’« Isola dei famosi » trova anch’essa una forte visibilità che con il passar del tempo sfuma, non fa più colore e dunque non fa più notizia. La lotta collettiva non è l’unica risposta alla grande crisi. Si veda il boom di suicidi nel nordest - che ricorda sia pure in sedicesima lo « scandalo » francese alla Renault o alla Telecom - che coinvolge più che gli operai i piccoli imprenditori disperati, un po’ suicidi e un po’ uccisi dalle banche e dalla cattiva politica. Altre crisi coinvolgono i territori cresciuti intorno alle fabbriche in via di smantellamento, ed è il caso di Termini Imerese, prima vittima della globalizzazione Fiat. Altri territori, al contrario, vivono la fabbrica come una maledizione di cui liberarsi il prima possibile. L’Ilva di Taranto dà lavoro e toglie la salute e la vita ai suoi operai come ai suoi cittadini e costringere a superare un contraddizione tra le due figure sociali che non è più nella realtà. Non ci si limita a difendere il lavoro, sempre più si è costretti a difendersi dall’alienazione di un lavoro ripetitivo e sottoposto a una crescente intensificazione. Con una lotta collettiva, ma in alcune realtà con una forma paradossale, autolesionista di autodifesa attraverso la cocaina. Il reportage di Sciotto, a partire da Melfi, ci racconta, anzi fa raccontare ai protagonisti, il padre di tutti i conflitti, quello alla Fiat. Un reportage che continuerà, sulle pagine del « manifesto ». Il volume sarà presentato oggi al Salone del libro di Torino (ore 16, Sala gialla). Oltre l’autore, all’incontro parteciperanno Giuseppe Berta, Susanna Camusso, Luciano Gallino e Federico Rampini.

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Alessandro Portelli : "La Libération des Rroms", Il Manifesto, 23 avril 2011

(traduit de l’italien par Ludmila Acone pour Terra, 20 avril 2011).

Pendant la nuit du 3 au 4 février 1944 les fascistes de la Bande Koch[1], bourreaux au service des occupants nazis, faisaient irruption dans le couvent adjacent à la Basilique Saint Paul de Rome, violant ainsi l’extraterritorialité du Vatican, pour arrêter plus de soixante juifs, réfractaires au service militaire et anti fascistes qui s’y étaient réfugiés pour fuir les persécutions nazies. L’après midi du 22 avril 2011 deux cent Rroms se sont réfugiés dans la Basilique afin de passer au moins la nuit à l’abri des persécutions impitoyables du fascisme contemporain.

Aujourd’hui 25 avril[2], à quelques centaines de mètres de distance, à la Porta San Paolo[3] où commença la Résistance, on se rappelle du jour où nous nous sommes libérés de la bande Koch et de ses commanditaires et nous prenons acte du fait que nous ne sommes pas libérés de ces épigones. Comme l’écrivait T. S. Eliot « avril est le mois le plus cruel » et la ville de Rome et ses institutions suivent cela à la lettre ; mille Rroms, au cours d’une semaine « sainte », ont été expulsés de leurs camps détruits, des agressions verbales ont été proférées en toute impunité contre un couple lesbien ; des insultes ont été lancées au Parlement contre une député handicapée ; des réactions hystériques ont eu lieu contre l’arrivée de deux cent réfugiés tunisiens dans une ville de trois millions d’habitants (prête par ailleurs à accueillir quelques centaines de milliers de pèlerins en adorations, et payants, pour lesquels il y a toujours de la place).

Un titre de l’Espresso en 1955 parlait de « capitale corrompue et nation infectée » : A la veille de ce 25 avril, la Rome d’Alemanno[4] est la digne capitale d’une Italie qui a oublié comment et pourquoi elle est née. Mais il existe une mémoire des lieux qui va au-delà de la mémoire des personnes. Et aujourd’hui la Basilique Saint Paul la représente. Peut être les persécutés d’aujourd’hui ne connaissaient-ils pas l’histoire des persécutés de1944, mais ils la répètent en grande partie. Comme à l’époque des lois raciales (de 1938 Ndt) et de l’expulsion des couches populaires du centre, ils sont expulsé par une ville arrogante et dévote qui célèbre ses propres fastes en faisant disparaître les pauvres et les marginalisés.

Ainsi, en entrant dans la basilique, les Rroms n’ont pas seulement essayé de passer la nuit : ils ont accompli un acte politique de résistance en affirmant le caractère inviolable des droits humains et leur présence active comme sujet dans l’histoire. La Résistance dont nous nous souvenons aujourd’hui a eu la même signification. Comme le disait Maria Teresa Regard, résistante et combattante : « je ne suis pas allé à Porta San Paolo parce que c’est le Parti qui me l’avait dit, mais parce qu’il était juste d’y aller ». La Résistance fut le moment où une génération habituée à être sujette et à laisser faire les puissants, a cessé d’obéir et a repris en main sa propre histoire. Notre Constitution [5] qui a toujours parue intolérable aux puissants est née de là. Elle imagine et construit une citoyenneté active et participante, non pas un peuple gouvernable mais un peuple qui gouverne. Les Rroms dans la Basilique aujourd’hui, les combattants de Porta San Paolo hier, mettent tous, institutions et citoyens, devant la responsabilité de leur action. Ce 25 avril, proche de Pâques et du 1er mai, nous rappelle que, oui, avril est un mois cruel, mais que notre avril a fini par une victoire et par une fête.

Réessayons : cela dépend de nous.

NDLR :

[1] Du nom de Pietro Koch, chef d’une section spéciale de la Police fasciste créé au lendemain de l’armistice par des membres de la République Sociale Italienne. Cette section est tristement connue pour ses actions de répression et pour les tortures qu’elle a commises à Rome.

[2] Fête Nationale de la Libération du nazisme et du fascisme marquée par une insurrection populaire accompagnée par des occupations d’usines et de terres.

[3] Bataille cruciale qui s’est déroulée près de la Porte Saint Paul, marquant le début de la Résistance contre les Nazis qui essayaient d’entrer dans Rome au lendemain de l’armistice du 8 septembre 1943.

[4] Maire de Rome, ancien membre du parti neo-fasciste M.S.I., actuellement membre du parti de Berlusconi.

[5] La constitution de 1948 de la République italienne a été écrite par les forces issues de la Résistance.

La Liberazione dei Rom - Alessandro Portelli

La notte tra il 3 e il 4 febbraio 1944, i fascisti della banda Koch, aguzzini al servizio degli occupanti nazisti, irruppero nel convento annesso alla Basilica di San Paolo, violando l’extraterritorialità vaticana, arrestando più di sessanta ebrei, renitenti alla leva, antifascisti che vi erano rifugiati per sfuggire alla persecuzione nazista. Nel pomeriggio del 22 aprile 2011, duecento rom si sono rifugiati nella Basilica per trascorrere almeno la notte al coperto dalle persecuzioni spietate del fascismo contemporaneo. E oggi 25 aprile, a poche centinaia di metri di distanza, a Porta San Paolo, dove cominciò la Resistenza, si ricorda il giorno in cui ci liberammo della banda Koch e dei suoi mandanti, e si prende atto del fatto che non ci siamo ancora liberati dei suoi epigoni. Anzi. Scriveva T. S. Eliot che aprile è il mese più crudele, e la città di Roma con le sue istituzioni lo prende alla lettera : mille Rom in una settimana (« santa ») sbattuti fuori dai campi distrutti ; aggressioni verbali impunite a una coppia lesbica in pieno centro ; insulti a una deputata disabile in parlamento ; isterismi per l’arrivo di duecento tunisini di una città di tre milioni di abitanti (pronta peraltro ad accogliere centinaia di migliaia di pellegrini adoranti e paganti per i quali c’è sempre posto). Un titolo dell’Espresso nel ’55 parlava di « capitale corrotta, nazione infetta » : alla vigilia di questo 25 aprile, Roma di Alemanno è la degna capitale di un’Italia che ha dimenticato come è nata e perché. Ma esiste una memoria dei luoghi che va oltre la memoria delle persone, e oggi San Paolo la rappresenta. Forse i perseguitati di oggi non sanno la storia dei perseguitati del 1944, ma in parte la ripetono : come al tempo delle leggi razziali e della cacciata dal centro dei ceti popolari, sono espulsi da una città arrogante e devota che celebra i propri fasti facendo sparire i poveri e gli emarginati. Perciò, entrando nella Basilica, i Rom non hanno solo cercato dove passare la notte : hanno compiuto un atto politico di resistenza, affermando l’insopprimibilità dei diritti umani e la loro presenza attiva di soggetti nella storia. La Resistenza che ricordiamo oggi ha avuto lo stesso significato. Diceva Maria Teresa Regard, partigiana combattente : io a Porta San Paolo non ci sono andata perché me l’ha detto il partito ma perché era giusto andarci. La Resistenza è stato il momento in cui una generazione abituata ad essere sudditi e a lasciar fare i potenti smette di ubbidire e riprende in mano la propria storia. La nostra Costituzione, che ai potenti è sempre parsa intollerabile, nasce da lì : immagina e costruisce una cittadinanza attiva e partecipe, non un popolo governabile ma un popolo che governa. I Rom nella Basilica oggi, i combattenti di Porta San Paolo allora, mettono tutti, istituzioni e cittadini, davanti alla responsabilità delle proprie azioni. Questo 25 aprile, contiguo alla Pasqua e al 1 maggio, ci ricorda che sì, aprile è un mese crudele, ma che il nostro aprile finì con una vittoria e con una festa. Riproviamoci : dipende da noi.

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Paolo Di Motoli : "Les Catholiques « à la carte » fidèles à la Ligue", Il Manifesto, 20 avril 2011

(traduit de l’italien par Ludmila Acone pour Terra, 20 avril 2011).

L’expansion de la Ligue du Nord dans les zones septentrionales de l’Italie, traditionnellement de culture « blanche », s’est imposée presque naturellement, comme l’affirme Renzo Guolo dans son dernier ouvrage intitulé : Qui brandit la croix. La Ligue et l’Eglise.

Il s’agit d’une conversion issue de la culture néo païenne liée aux mythes celtiques et aux ampoules d’eau du Fleuve, trempée dans la culture « chrétienne ».

L’essai du sociologue Vénète part d’un point d’observation privilégié. La région gouvernée par Zaia est un très intéressant un laboratoire social, culturel et de l’évolution productive. Si Marx revenait aujourd’hui, plaisante le professeur, il passerait en Vénétie observer l’évolution du capitalisme globalisé et la dialectique entre “flux” et “lieux”. Un chapitre entier du livre est dédié en effet au “cas de Trévise”, lieu d’affrontement entre chemises vertes[1] et “prêtres rouges” et de crucifix d’Etat “cloués” au mur. Après le 11 septembre le parti de Bossi avait besoin d’un arsenal symbolique plus fort et plus enraciné que celui du dieu Pô et des Celtes. Les valeurs de la tradition religieuse se sont avérées utiles pour fournir un horizon de sens et une identité forte à opposer à l’Islam. Selon Guolo le vote catholique est, pour la Ligue, le vote du catholicisme sécularisé, de la religion “à la carte”, de l’anthropologie du monde catholique comme idéologie localiste », de la religion du développement local.

La gauche internationaliste, positionnée dans un parti attaché avec orgueil à sa dimension nationale, a toujours été vue comme un danger pour la culture des « lieux » et paye encore le prix de « l’anticommunisme sans communistes ».

Mais le « nouveau parti chrétien », contrairement aux autres, intervient de façon active dans la vie même de l’Eglise en lançant des campagnes contre les pasteurs éloignés du sentiment du territoire, ayant cédé un espace de prière aux musulmans, ou qui se prononcent en faveur de l’intégration. Nous avons assisté à des diffusions de tracts devant les églises de ces pasteurs « Catho-communistes » et à des attaques contre des évêques comme Tettamanzi ou Martini. Dans le passé il y a eu des rapports avec les Lefebristes et aujourd’hui on épouse les thèses de ceux qui voient une continuité entre le Concile (de Vatican II) et ce qui l’a précédé. Les prises de positions « anti-dialoguistes » face à l’Islam des Maggiolini (Evêque de Côme) et des Biffi (Cardinal de Milan) sont une représentation explicite de l’insatisfaction ressentie par une partie des « spécialistes du sacré ». Guolo rappelle ensuite le « nouveau » rapport positif entre la Ligue et l’Eglise dans l’ère Bertone (cardinal romain) et la probable influence des déclarations de Bagnasco[2] sur la « défense de la vie » à la veille des élections Régionales dans le Piémont, qui ont marquées une victoire faible et contestée du militant anti-avortement Cota.

Les déclarations de Monseigneur Fisichella sur la nécessaire prise en compte de la force et de l’enracinement de la Ligue, dont il faut apprécier l’affinité avec l’Eglise sur les thèmes bio éthiques, confirment cette convergence. Le soutien Leguiste à l’Eglise inaugure cependant une « convergence inversée », qui appelle à un soutien (de l’Eglise) au fédéralisme et aux positions « Vertes » sur l’immigration. Ce sont de bons procédés politiques, qui pour ses détracteurs comme monseigneur Bettazzi ne mènent en aucun cas à une diffusion des valeurs chrétiennes mais uniquement à la légitimation de forces anti-chrétiennes entachées par un paganisme originaire. Bettazzi se demande comment l’Eglise peut faire alliance avec la Ligue pour des raisons contingentes, mais en contradiction avec l’universalité du message chrétien et de l’enseignement de Jésus. Comment peut-on, se demande Bettazzi, « invoquer l’identité chrétienne, celle qui exalte l’image du crucifix, pour ensuite crucifier tant de frères en violant ce que Jésus a voulu laisser à ses disciples ? ». Après les élections régionales en Piémont don Renato Sacco, prêtre et membre de Pax Christi, écrira une lettre ouverte à Cota lui demandant comment peut-on concilier les positions léguistes « avec les racines chrétiennes que la Ligue revendique depuis toujours ! ». En référence à une intervention de Borghezio lors d’un meeting d’extrémistes de droite en France[3], où le parlementaire européen invitait l’assistance à ne pas se laisser étiqueter comme fasciste et en les invitant à se présenter comme les membres d’un mouvement Régional-catholique, il affirme qu’entendre « ces personnes se revendiquer des racines chrétiennes m’indigne ! »

Le prêtre Combonien Alex Zanotelli, en référence aux mesures sécuritaires voulues par la Ligue affirme : « non seulement j’ai honte d’être Italien, mais j’ai également honte d’être chrétien, cette loi est la négation des valeurs fondamentales de la « Bonne nouvelle » de Jésus de Nazareth. Je demande à l’Eglise italienne qu’elle ait le courage de dénoncer sans hésitation une loi qui heurte de front les fondements de la foi chrétienne. Je pense, en tant que chrétien, que nous devons avoir le courage de la désobéissance civile ». Le Carroccio[4] est habitué à une sorte de bricolage religieux dans lequel il choisit de façon sélective, synthétise, manipule interprète, des éléments qui permettent de se référer à une vision chrétienne du monde mais déclinée selon sa vision particulière et ethno-identitaire. « La Ligue privilégie les éléments qui ont connu un fort enracinement dans l’ethos collectif en essayant de les transformer en un consensus politique et électoral. En donnant forme à un Catholicisme non exigeant, qui ignore l’éthique publique ou la cohérence et la dimension spirituelle de la foi et sa manifestation historique et sociale. Paradoxalement le catholicisme du Carroccio, qui pourtant en appelle à la tradition, on nourrit d’une interprétation de la foi plus proche de la matrice protestante, par son attitude à sélectionner selon une libre interprétation ce en quoi on veut croire sans se plier à un magistère pourtant si invoqué et si peu contraignant ».

NDLR :

[1] La Ligue du Nord s’est dotée d’une milice arborant des chemises vertes.

[2] Cardinal Arnaldo Bagnasco, Pdt de la Conférence Episcopale Italienne.

[3] Député européen de la ligue du Nord. A ce sujet :http://tv.repubblica.it/cronaca/bor...

[4] Chariot à quatre roues, symbole de la Ligue du Nord. C’est une récupération du char traditionnel utilisé lors des batailles pour la liberté des villes de la plaine du Pô et lors de la bataille de Legnano (1176).

Paolo Di Motoli, "I cattolici a modo mio fedeli alla Lega"

L’espansione della Lega Nord nelle zone settentrionali del paese, tradizionalmente di cultura « bianca », ha imposto quasi naturalmente, sostiene Renzo Guolo nel suo ultimo libro dal titolo Chi impugna la croce. Lega e chiesa, una conversione della cultura neopagana legata ai miti celtici, e alle ampolle di acqua di fiume in cultura « cristiana ». Il saggio del sociologo veneto parte da un punto di osservazione privilegiato. La regione governata da Zaia è infatti un laboratorio sociale, culturale e di evoluzione produttiva molto interessante. Se Marx rinascesse oggi, scherza il professore, passerebbe dal Veneto per osservare l’evoluzione del capitalismo globalizzato e la dialettica tra « flussi » e « luoghi ». Un capitolo intero del libro è infatti dedicato al « caso Treviso », luogo di scontro tra camicie verdi e « preti rossi » e di crocefissi di stato « inchiodati ». Il partito di Bossi dopo l’11 settembre necessitava di un armamentario simbolico più forte e radicato rispetto al dio Po e ai Celti. I valori della tradizione religiosa sono risultati utili a fornire un orizzonte di senso e una identità forte da contrapporre all’Islam. Il voto cattolico alla Lega è, sostiene Guolo, il voto del cattolicesimo secolarizzato, della religione « a modo mio », dell’antropologia del mondo cattolico come « ideologia localista », della religione dello sviluppo locale. La sinistra internazionalista, pur insediata in un partito orgogliosamente attaccato alla sua dimensione nazionale, è sempre stata vista come pericolo per la cultura dei « luoghi » e paga ancora lo scotto « dell’anticomunismo senza comunisti ». Ma il « nuovo partito cristiano », a differenza degli altri, interviene attivamente nella vita stessa della chiesa lanciando campagne contro i pastori lontani dal sentire del territorio perché hanno concesso uno spazio ai musulmani per la preghiera o sono a favore dell’integrazione. Abbiamo assistito a volantinaggi di fronte alle chiese dei pastori « cattocomunisti » e ad attacchi contro vescovi come Tettamanzi o Martini. In passato si sono avuti rapporti con i lefebvriani e oggi si sposano le tesi di chi vede il Concilio in continuità con ciò che lo ha preceduto. Le prese di posizione « antidialoghiste » nei confronti dell’Islam dei Maggiolini e dei Biffi hanno rappresentato una esplicitazione dell’insoddisfazione di una parte degli « specialisti del sacro ». Guolo ricorda poi il « nuovo » rapporto positivo tra Lega e Chiesa nell’era Bertone e la probabile influenza delle dichiarazioni di Bagnasco sulla « difesa della vita » alla vigilia delle elezioni regionali del Piemonte che hanno visto una risicata quanto contestata affermazione dell’antiabortista Cota. Le dichiarazioni di monsignor Fisichella sulla presa d’atto della forza e del radicamento della Lega di cui va apprezzata l’affinità con la Chiesa sui temi bioetici confermano il sodalizio. Il sostegno leghista alla Chiesa inaugura però un « collateralismo rovesciato », che chiede un sostegno al federalismo e alle posizioni « verdi » sull’immigrazione. Uno scambio politico che, per i critici come Monsignor Bettazzi, non comporta in alcun modo la diffusione dei valori cristiani ma solo la legittimazione di forze anticristiane macchiate dal paganesimo originario. Bettazzi si chiede come sia possibile alla Chiesa allearsi per motivi contingenti, ma in contrasto con l’universalità del messaggio cristiano e con l’insegnamento di Gesù, con la Lega. Come si può, domanda Bettazzi, « chiamare identità cristiana, quella che esalta l’immagine del Crocifisso ma poi crocifigge tanti fratelli, contravvenendo la caratteristica che Gesù ha voluto dare ai suoi discepoli ? ». Dopo le elezioni regionali in Piemonte don Renato Sacco, parroco e membro di Pax Christi, scriverà a Cota una lettera aperta chiedendo come sia possibile conciliare le posizioni leghiste « con le tanto citate radici cristiane che da sempre la Lega rivendica ! ». Riferendosi poi a un intervento di Borghezio a un raduno di estremisti di destra in Francia, in cui l’europarlamentare invita i presenti a non farsi etichettare come fascisti, invitandoli a presentarsi come membri di un movimento regionale cattolico, afferma, che « sentire rivendicare radici cristiane da persone così, mi indigna ! ». Il comboniano Alex Zanotelli, riferendosi al pacchetto sicurezza voluto dalla Lega afferma : « Non solo mi vergogno di essere italiano, ma mi vergogno anche di essere cristiano : questa legge è la negazione di verità fondamentali della Buona Novella di Gesù di Nazareth. Chiedo alla Chiesa Italiana il coraggio di denunciare senza mezzi termini una legge che fa a pugni con i fondamenti della fede cristiana. Penso che come cristiani dobbiamo avere il coraggio della disobbedienza civile ». Il Carroccio è uso a una sorta di bricolage religioso mediante il quale sceglie selettivamente, sintetizza, manipola, interpreta, elementi che consentono di richiamarsi a una visione del mondo cristiana declinata secondo la sua particolare visione etnoidentitaria. « La Lega privilegia quegli elementi che più si sono sedimentati nell’ethos collettivo, cercando di tramutarli in consenso politico e elettorale. Dando forma a un cattolicesimo non esigente, che ignora etica pubblica o coerenza tra dimensione spirituale della fede e sua manifestazione storica e sociale. Paradossalmente il cattolicesimo del Carroccio, che pure si richiama alla Tradizione, si nutre di un’interpretazione della fede più simile alla matrice protestante, con l’attitudine a selezionare, secondo la libera interpretazione, ciò in cui credere senza sottostare a un magistero tanto invocato quanto poco vincolante ».

RENZO GUOLO, CHI IMPUGNA LA CROCE. LEGA E CHIESA, LATERZA, PP.176, EURO 16,00

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Angelo del Boca "Avant qu’il ne soit trop tard", Il Manifesto, 19 mars 2011

(traduit de l’italien par Ludmila Acone pour Terra, 20 mars 2011).

Sortons de l’alternative entre le tyran libyen qui doit quitter la scène et les bombardiers « humanitaires » de l’OTAN. Disons clairement ce qui se passe. La décision du Conseil de Sécurité de l’ONU, prise avec cinq abstentions et dix voix en faveur – sous la pression de la France et de la Grande Bretagne, qui reviennent ainsi au Moyen Orient, et à la fin, des Etats-Unis récalcitrants – c’est une intervention militaire. Il ne doit pas y avoir de doute. Même si elle est camouflée encore une fois comme une intervention humanitaire visant à « protéger les civils » et même si on exclut, pour l’instant, l’occupation au sol. La no-fly zone, en effet, décidée sans aucun rapport avec Tripoli, doit pour cela être imposée par les bombardements.

Dans ces occasions on préfère dire qu’on visera des objectifs ciblés et « chirurgicaux ». Créant ainsi la possibilité de nouveaux massacres de civils comme cela s’est passé en Irak et en Afghanistan, comme nous l’avons vu dans les Balkans. Nous possédons une somme infinie de preuves de cet énorme mensonge. Pourtant depuis la Russie et l’Allemagne, pays qui se sont abstenus au Palais de verre, c’est cette préoccupation qui a été exprimée, par l’insertion à la dernière minute de la nécessité d’une déclaration de cessez le feu pour les deux parties en conflit. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui l’Allemagne motive son refus de la no-fly zone par les « risques et périls considérables » que cela comporte.

Risques et périls confirmés du reste par le fait que, à peine le cessez le feu avait-il été accepté par Tripoli, on a immédiatement crié au « bluff ». Mais nous ne devons pas non plus passer sous silence la nécessité que Kadhafi sorte véritablement de scène, lui, son régime qui dure depuis trop longtemps et qui de toute façon est tombé en morceaux, ses délires de toute puissance et ses responsabilités par rapport à la dégénérescence de la crise.

De ce point de vue tout était encore sur la table il y a encore dix jours. Dans les sièges des organismes internationaux la possibilité d’un exil avait été envisagée, pour Kadhafi et sa famille avec un sauf-conduit vers un pays neutre. Mais sur l’insistance des Etats-Unis, qui pourtant ne reconnaissent pas la Cour pénale internationale, il a été proposé avec insistance de le déférer devant ce tribunal pour des « crimes de guerre » qui restent encore à prouver. Et cela malgré l’insistance de Fogh Rasmussen, le secrétaire de l’Otan - qui s’y connaît en victimes civiles – à les dénoncer. Des crimes qui, en même temps que l’excès de propagande, ont eu lieu et doivent être punis. Mais qui, même pour le procureur de la cour Pénale, Moreno Ocampo, concernent « toutes les parties belligérantes ». Ainsi la possibilité que Kadhafi sorte définitivement de la scène a été perdue. Maintenant tout semble fini dans un cul de sac. Sans autre possibilité que celle d’un bain de sang. Car au point où en sont les choses, il semble que le seul objectif resté est celui de l’attaque militaire avec les bombardements aériens. En oubliant que certains des appareils qui sont en train de bombarder et tuer les civils et les rebelles en Libye sont les mêmes jets français vendus à Kadhafi précisément par Sarkozy, après une cour assidue visant à lui vendre des avions parmi les plus chers du monde. Il y a enfin l’ambiguïté du gouvernement Italien. Il ya dix jours encore, allié acharné de Kadhafi, auquel il demandait de « contenir » l’immigration du Maghreb en expédiant dans de nouveaux camps de concentration les désespérés fuyant la misère de l’Afrique, et devenus maintenant une plate forme de lancement de raids aériens et du blocus naval et militaire. Et ce n’est peut être même pas seulement une base car le « Dannunzien »[2] ministre de la défense, Ignazio La Russa revendique aussi pour les jets italiens le « droit » de bombarder.

Je me demande si l’Italie sur le plan historique se sent en condition de répéter 60 ans après l’événement du colonialisme une attaque militaire contre un pays dans lequel il a déjà provoqué la mort de 100 000 personnes, un huitième de la population libyenne. Je me demande si nous nous arrogeons vraiment cette responsabilité. Pour la mémoire il faut dire non. Mais aussi pour le présent. Quel triste épilogue serait en fait pour les printemps du monde arabe que le signal donné soit celui du sang et de la répression militaire, comme cela se passe au Yémen, comme cela s’est passé dans le silence général ces derniers jours au Bahreïn où ces mêmes pays du Golfe, fauteurs maintenant de la no-fly zone sur la Libye, sont intervenus militairement à Manama pour soutenir le « Kadhafi » local. Ces heures-ci, jusqu’au bout, il y a encore de l’espace pour la médiation de paix. La voie est celle du cessez le feu, comme cela semble émerger aussi des paroles du président Barak Obama, aux prises maintenant avec un autre conflit armé qui pue trop le pétrole, et également la voie de l’intervention des observateurs de l’ONU sur le terrain, qui s’interpose et défende les vies humaines. Autrement ce qui vole ce ne sera que la guerre.

NDLR :

[1] Ancien Résistant et grand historien du colonialisme fasciste italien, auteur de nombreux ouvrages dont en particulier Italiani brava gente ? et La storia Negata en cour de traduction en français pour les éditions Delga.

[2] NDT référence au poète Gabriele D’Annunzio, qui après la fin de la première guerre mondiale mena un coup de force nationaliste et irrédentiste contre la ville yougoslave de Rijeka (Fiume en italien)..

Angelo Del Boca "Prima che sia troppo tardi"

Usciamo dalla partita doppia dell’alternativa tra il tiranno libico che deve uscire di scena e i bombardieri « umanitari » della Nato. Diciamo chiaro quello che sta avvenendo. La decisione del Consiglio di sicurezza dell’Onu, presa con cinque astensioni e dieci voti a favore - sotto pressione della Francia e della Gran Bretagna che torna in Medio oriente, e alla fine con i recalcitranti Stati uniti - è un intervento militare. Non devono esserci dubbi. Anche se è camuffata ancora una volta da intervento umanitario per « proteggere i civili » e anche se esclude, per ora, l’occupazione da terra.

La no-fly zone infatti, decisa senza alcun rapporto con Tripoli, deve essere per questo imposta, con i bombardamenti. In queste occasioni si preferisce dire che verranno usati obiettivi mirati e target « chirurgici ». Con la possibilità cioè di nuove stragi di civili come è avvenuto in Iraq e in Afghanistan, come abbiamo visto nei Balcani. Abbiamo una serie infinita di prove di questa enorme menzogna.

Eppure dalla Russia e dalla Germania, paesi che si sono astenuti al Palazzo di Vetro, è stata espressa proprio questa preoccupazione, con l’inserimento all’ultimo momento della necessità, prima, di una dichiarazione di cessate il fuoco per entrambe le parti in conflitto. Non è un caso che ora la Germania motivi il suo rifiuto alla no-fly zone per i « considerevoli pericoli e rischi » che comporta. Pericoli e rischi confermati del resto dal fatto che, appena il cessate il fuoco è stato accettato a Tripoli, subito si è gridato al « bluff ».

Ma non dobbiamo tacere nemmeno sulla necessità che Gheddafi esca davvero di scena. Lui, il suo regime che dura da troppo tempo e che è comunque andato in pezzi, i suoi deliri di onnipotenza le sue pesanti responsabilità rispetto alla degenerazione della crisi.

Da questo punto di vista tutto era ancora in gioco solo fino a dieci giorni fa. Era stata avanzata in sedi internazionali la possibilità di un esilio, per Gheddafi e la sua famiglia, con un salvacondotto verso un paese neutrale. Ma è stata avanzata, su insistenza degli Stati uniti che pure non riconoscono la Corte penale dei diritti umani, il deferimento a questo tribunale per « crimini di guerra » ancora tutti da provare. Nonostante l’insistenza di Fogh Rasmussen il segretario della Nato - che di vittime civili se ne intende - a denunciarli. Crimini che, insieme a troppa propaganda, ci sono certo stati e vanno puniti. Ma che, anche per il procuratore della Corte penale Moreno Ocampo, riguardano « tutte le parti in armi ».

Così la possibilità che Gheddafi uscisse definitivamente di scena è andata persa. Ora tutto sembra finito in un vicolo cieco. Senza possibilità, se non quella di un bagno di sangue.

Perché al punto in cui stanno le cose, sembra che l’unico obiettivo rimasto sia l’attacco militare con i bombardamenti aerei. Dimenticando che alcuni degli apparecchi che stanno bombardando e uccidendo i civili e i ribelli in Libia sono gli stessi jet francesi venduti a Gheddafi proprio da Sarkozy, con una corte assidua capace di rifilargli aeroplani micidiali e tra i più cari al mondo. Infine c’è l’ambiguità del governo italiano, fino a dieci giorni fa strenuo alleato di Gheddafi al quale chiedeva di « contenere » l’immigrazione del Maghreb relegando in nuovi campi di concentramento i disperati in fuga dalla miseria dell’Africa ; e ora piattaforma di lancio dei raid aerei e del blocco navale militare. E forse nemmeno solo base, perché il dannunziano ministro della difesa Ignazio La Russa rivendica anche ai jet italiani il « diritto » di bombardare. Mi chiedo se l’Italia sul piano storico si sente di ripetere a sessant’anni dagli avvenimenti del colonialismo, un attacco militare a un paese del quale ha già provocato la morte di 100mila persone, un ottavo della popolazione libica. Mi chiedo se ci arroghiamo davvero questa responsabilità. Per la memoria bisogna dire no. Ma anche per il presente.

Che triste epilogo sarebbe infatti per le primavere nel mondo arabo. Il segnale sarebbe quello del sangue e della repressione militare, come accade in Yemen, come è accaduto nel silenzio generale in questi giorni in Bahrein dove gli stessi paesi del Golfo fautori ora della no-fly zone sulla Libia, sono intervenuti militarmente a Manama per sostenere invece il « Gheddafi » locale. Anche in queste ore, fino all’ultimo c’è ancora spazio per la mediazione di pace. La strada è quella del cessate il fuoco, come sembra emergere all’ultimo momento anche dalle parole del presidente Barack Obama alle prese ora con un altro conflitto armato che puzza troppo di petrolio. E insieme di un intervento di Osservatori dell’Onu sul campo che si frapponga e difenda le vite umane. Sennò vola davvero solo la guerra.

Source TERRA : http://www.ilmanifesto.it/il-manife..."