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Réseaux locaux, nœuds de solidarité et jeunes associations : comment s’organisent les migrants rapatriés face à ce retour forcé ?

Nina Marx
Nina Marx est doctorante en science politique au Cemaf / Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, sa thèse porte sur le positionnement des acteurs de société civile sur les questions de migrations au Sénégal. Elle termine également en double-cursus un master de ‘Population et Développement’ spécialité Migrations Internationales, à la London School of (...)

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Nina Marx, "Réseaux locaux, nœuds de solidarité et jeunes associations : comment s’organisent les migrants rapatriés face à ce retour forcé ? ", REVUE Asylon(s), N°3, mars 2008

ISBN : 979-10-95908-07-4 9791095908074, Migrations et Sénégal., url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article720.html

résumé

Les accords de rapatriements signés entre le Sénégal et l’Espagne ont conduit des milliers de migrants arrivés par pirogues aux Canaries à être renvoyés dans leurs localités d’origine. Devant l’incapacité de l’Etat à leur proposer une réinsertion, des liens de solidarité se nouent, les migrants rapatriés s’organisent et de jeunes associations se créent pour envisager des réponses. Après avoir analysé l’organisation en réseaux de ces migrants, il s’agira aussi de comprendre dans quelle mesure cette mobilisation semble illustrer une certaine prise de conscience d’une partie de la société civile sur ces enjeux.

Introduction

Depuis la signature des accords entre Madrid et Dakar à la fin 2006, les rapatriements de migrants sénégalais arrêtés à leur arrivée par pirogue sur les Iles Canaries sont quotidiennement rapportés dans la presse africaine comme européenne. Si des réseaux locaux et des nœuds de solidarité semblent s’organiser pour préparer et légitimer les départs, comment ces relations de solidarité se manifestent-elles lors du retour de ces jeunes ? De plus en plus de migrants rapatriés et leurs familles semblent se mobiliser. S’organisent ainsi des réseaux locaux et comités qui souhaitent apporter une réponse pragmatique à cette question des départs et de la réinsertion de ces jeunes rapatriés. Dans le secteur professionnel de la pêche notamment, des initiatives locales se mettent en place pour proposer des alternatives et promouvoir des possibilités de réadaptation. Cependant, la réalité socio-économique de la pêche au Sénégal étant en soi un obstacle essentiel à cette promotion, il ne s’agit souvent pas pour autant d’empêcher ou de décourager les départs. Si certains villages ont connu des drames humains particulièrement tragiques, beaucoup restent convaincus que le voyage vers l’Europe est le meilleur moyen d’aider sa famille et de réussir.

Devant ce paradoxe, comment ces liens de sociabilité entre migrants et leurs familles s’organisent-ils en un nouveau et jeune tissu associatif ? Quels sont leurs moyens et que proposent-ils ? Si l’accueil immédiat des jeunes refoulés constitue une priorité, la finalité est aussi de proposer des alternatives à plus long terme. Ainsi, des comités, des Groupes d’Intérêt Economique (GIE) et réseaux locaux, de plus en plus soutenus par des acteurs associatifs plus institutionnalisés, voient le jour pour offrir les meilleures conditions possibles de réinsertion, tout en continuant à invoquer ce droit au départ.

Cette mobilisation pose certaines questions au plan politique : elle pourrait être l’expression de l’émergence d’un plus fort positionnement de la société civile sénégalaise sur la question des migrations. Ou bien n’est-elle l’illustration que la combinaison d’initiatives locales ?

Ces réseaux locaux pourraient-ils être en mesure d’apporter une voix alternative à celle du gouvernement ? Y a-t-il un risque que ces associations naissantes soient happées par les appels de fonds et deviennent des instruments de cette coopération en matière de « migration et développement » si souvent citée dans les discours européens ?

La finalité de cet article est d’analyser la dynamique de mobilisation croissante du champ associatif, catégorie active de la société civile sénégalaise, sur les enjeux de migrations. Dans ce cadre, les associations locales étudiées ici seront principalement celles reconnues au plan juridique, qui se définissent elles-mêmes comme possibles interlocuteurs de Etat, souhaitant répondre aux besoins des populations. Les groupes informels d’entraide par exemple ne seront pas pris en compte. L’objet de cet article n’est pas de dresser des conclusions sur la définition et l’avenir de ces acteurs mais plutôt d’analyser la situation actuelle, et ainsi de s’interroger sur les possibles perspectives.

Cet article aura tout d’abord pour objet d’analyser l’organisation de ces réseaux locaux en jeunes associations devant cette double réalité : la nécessité pragmatique de proposer des alternatives, alliée à la profonde conviction que la solution se trouve ailleurs. Dès lors, il s’agira de comprendre quelle est la signification de ce positionnement au plan politique, et d’analyser les risques et possibles ouvertures de cette mobilisation.



Solidarités locales et jeune tissu associatif : comment s’organisent les migrants rapatriés face à ce retour forcé ?

Processus et méthodes de rapatriement

Les rapatriements ont commencé en 2006. Les premiers retours se sont faits dans le plus grand secret. Faisant suite aux accords bilatéraux de rapatriement entre le Sénégal et l’Espagne, le travail d’identification des ressortissants sénégalais a été effectué par des responsables de la police sénégalaise venus au centre de rétention de Ténériffe.

Les jeunes migrants rapatriés de Yoff racontent. [1] Les agents de la police sénégalaise sont venus leur expliquer qu’ils devaient être recensés pour obtenir des papiers (des titres de séjour sur le territoire européen) le plus rapidement possible. Les jeunes ont embarqué dans l’avion. Les hublots ont été fermés et ils ont été menottés. Persuadés qu’on les amenait sur la péninsule ibérique, ils ne se sont pas méfiés. C’est seulement à l’atterrissage à Dakar qu’ils ont compris qu’ils étaient en réalité refoulés au Sénégal.

À leur arrivée, les migrants sont accueillis par la police sénégalaise et la Croix Rouge. Chaque migrant est escorté par un policier. Après un examen médical, seuls 10.000 Fcfa (15 Euros), un sandwich et une boisson leur sont distribués. [2] À partir de là, aucune initiative gouvernementale n’a pour le moment été prise pour travailler à l’accueil et à la réinsertion de ces migrants. En effet, malgré la forte présence des questions de migrations pendant les échéances électorales de 2007, l’Etat n’a rien mis en place pour préparer le retour de ces jeunes et apporter une réponse à leurs traumatismes.

Qui sont-ils ? Portrait du migrant rapatrié

Les migrants rapatriés sont le plus de souvent de jeunes hommes entre 20 et 30 ans, parfois pères de famille, souvent sans emploi. Les femmes sont minoritaires. Une partie des migrants est originaire des localités de pêche de la région, l’autre est venue des zones agricoles, dans l’espoir de tenter le voyage par la mer. Dans certaines familles, les jeunes refoulés sont considérés comme des « enfants de la malédiction  ». Ayant concentré tous les espoirs et efforts familiaux, beaucoup sont tellement honteux qu’ils ne peuvent accepter l’idée de rentrer chez eux. Malgré le traumatisme psychologique, ils restent déterminés à vouloir venir en aide à leurs parents et familles. «  Nos parents sont fatigués, c’est à nous de prendre le relais », affirme l’un d’entre eux [3]. Certains souhaitent repartir, convaincus que les conditions de la pêche et de l’agriculture ne permettent pas de mener une vie décente, et que la solution reste d’aller travailler en Europe. D’autres, traumatisés par l’extrême dureté du trajet, du naufrage ou du refoulement, préfèrent ne pas repartir de manière illégale et gagner, en attendant, un petit quelque chose ici.

Initiatives locales, comités et association : l’organisation en réseaux

Initiative locale, solidarité locale et familiale : quelle signification ?

Devant la précarité de leur situation, certains migrants ont décidé de se regrouper, en associations ou comités, pour chercher des réponses ensemble. Des nœuds de solidarité locale se renforcent alors entre les rapatriés.

Ce type d’initiatives locales pourrait être défini comme « une action locale promue par un groupe de personnes liées par une préoccupation commune, qui lui permet de satisfaire ses besoins réels à partir des moyens disponibles dont il a la maîtrise par un contrôle effectif de leurs utilisations et des possibilités d’amélioration en vue d un développement participatif autocentré et global. » [4] Privilégiant les aspects communautaires, valorisant l’entraide locale, elles sont contrôlées par leur propre milieu. Elles sont des modes de participation populaire à la vie publique locale, fondées sur un principe de solidarité et d’entraide collective. L’initiative est fondé sur le lien social entre les populations cherchant à améliorer les conditions de vie et à proposer des alternatives économiques que l’Etat ne parvient pas à mettre en œuvre. Elles englobent « une gamme d’organisations allant des formes de solidarités traditionnelles à des structures dont l’existence est fonction des situations de frustration et d’insatisfaction collective  ». Les initiatives de solidarité locale peuvent prendre plusieurs formes : il peut s’agir de structures juridiques, reconnues par l’Etat, mais aussi d’associations spontanées et auto-organisées, souvent informelles.

Comment se traduisent en pratique ces solidarités locales ?

Face à l’absence d’initiative étatique, les jeunes migrants refoulés de Yoff ont décidé de s’organiser en association pour améliorer leur situation. Encadrés au plan juridique par une ONG locale d’aide au développement APROSOR [5], les jeunes rapatriés souhaitent conduire des activités créatrices d’emploi, et se doter notamment d’équipement moderne pour faire du séchage de poissons, destinés à l’exportation. [6]

En outre, ils souhaitent mener un travail d’information sur les activités de développement menées à l’intérieur du pays et sur les accords inter-étatiques qui permettent l’envoi de main d’œuvre. Ils entendent ainsi mener un travail de plaidoyer auprès du gouvernement sur la question du Plan REVA [7]. et sur ces accords de main d’œuvre.

À Mbour également, des initiatives locales se sont formées. Le regroupement en association est venu de l’initiative de trois groupes de jeunes rapatriés. Une centaine de personnes, regroupant des pêcheurs, des mareyeurs et des chauffeurs de taxi ont d’abord lancé une première démarche de création d’un GIE [8]. N’ayant pas les financements nécessaires pour créer officiellement l’association, ces migrants se sont réunis presque tous les jours pour élaborer un plan d’action et proposer des alternatives à ce départ échoué. Quinze autres jeunes, ayant fait naufrage ensemble au large de la Mauritanie, venant du même village, ont souhaité créer leur propre GIE. Très solidaires les uns des autres, ils se sont promis une aide mutuelle sans faille. Un troisième groupe, composé de trois personnes parties ensemble faire le voyage, habitants d’un village, Ngaparou, un peu éloigné de Mbour, ont également souhaité organisé un GIE qui leur permettrait de mener des activités de mareyage.

Les liens de solidarité qui se sont créés pour préparer les départs se retrouvent lorsqu’il s’agit de s’adapter au retour. Tous sont originaires de Mbour ou des environs. Les liens sociaux qui se créent dans la localité d’origine jouent un rôle essentiel dans la dynamique migratoire, notamment dans la préparation des départs. Même dans les villes où ces départs sont plus individualisés, ils s’appuient tout de même sur un fort réseau familial. Dans les villages traditionnels de pêche, toute la famille se mobilise pour réunir les financements nécessaires. Des parcelles de terrain sont vendues, beaucoup de mères s’investissent et vendent par exemple leurs bijoux. En outre, de nombreuses structures associatives, associations villageoises notamment, permettent de créer et maintenir les liens sociaux, et d’organiser des initiatives.

Le village d’origine devient à la fois le lieu des investissements économiques, sociaux et humains qui permettent le voyage et le lieu qui bénéficie potentiellement de ces migrants, grâce aux retombées économiques. En ce sens, « il est à la fois producteur et révélateur de liens sociaux » [9]. Ces localités, parce qu’elles sont « l’inscription spatiale d’unités sociologiques fortement structurées – les communautés – qui en fondent l’identité », peuvent « constituer des nœuds primordiaux du réseau migratoire  » (ibid:1). Or, il semble que les liens de solidarité qui se tissent à ce moment-là perdurent au-delà du sentiment d’échec, la solidarité est même renforcée.

Devant la nécessité de construire un vrai projet commun à tous les migrants, et malgré les dissensions qui pouvaient apparaître, ces trois initiatives se sont finalement regroupées, notamment dans l’espoir de recevoir un appui – logistique et financier – de la part d’ONG plus institutionnalisées.

À l’Assemblée Générale constitutive du GIE, cent douze personnes étaient présentes. Le bureau a été élu, après concertation, par un vote à main levée. Après six mois de procédure bloquée par le manque de fonds [10], le GIE a été reconnu officiellement au plan juridique le 5 décembre 2007.

Le principe premier est un principe d’ouverture, tous les migrants, rapatriés, naufragés ou potentiels candidats au départ ont vocation, s’ils le souhaitent, à intégrer le processus. Des réunions statutaires devraient être convoquées chaque mois pour expliquer et élaborer les stratégies à mettre en œuvre. Des cartes de membres vont être créées pour permettre une reconnaissance au plan politique et administratif. Les migrants entendent proposer un plan d’action à certaines ONG sénégalaises et européennes, avant la fin du premier trimestre 2008. La dynamique du GIE est encadrée par l’une des Mutuelles de pêcheurs, de Mbour. La coopérative peut être amenée à donner des conseils mais ne prend aucune décision au quotidien, ni en termes d’organisation ni de plan d’action.

Selon l’un des responsables encadrant l’association, les forts liens de solidarité locale doivent se traduire au plan concret,

« Ce doit être une solidarité active. La collectivité ne suffit pas à faire la solidarité. Il doit y avoir une solidarité entre les différents corps de métier. Les pêcheurs doivent favoriser les mareyeurs du GIE. Lors d’un problème mécanique, il faut faire appel aux mécaniciens du GIE. C’est là que le groupe deviendra fort. » [11]

Initiatives pour parer à l’absence de structures d’accueil et de réinsertion

Devant le manque de structures d’accueil lors du rapatriement des migrants et l’extrême difficulté des conditions du secteur de la pêche au Sénégal, les migrants rapatriés ont envisagé trois types d’initiatives.

L’accueil immédiat

Tout d’abord, un accueil immédiat des migrants refoulés doit selon eux être organisé pour parer à l’absence de mesures prises par le gouvernement. Puisque dans certaines familles les jeunes refoulés sont considérés comme des « enfants de la malédiction  », un travail d’accueil et d’écoute est indispensable. Si un migrant qui s’est donné les moyens de partir revient malgré lui, il est nécessairement affecté au plan psychologique. Un processus d’accompagnement doit être installé à la fois au niveau du migrant et de sa famille, depuis son atterrissage à l’aéroport jusqu’à son retour au village. Une équipe d’orientation doit s’installer à la descente de l’avion. Le migrant doit réaliser qu’il n’est pas responsable de son échec et qu’il n’a par là même pas à en avoir honte. Cette antenne d’écoute pourrait être en lien avec les localités d’origine. En effet, dans le village d’origine, les parents et amis doivent être préparés pour l’accueillir et accepter la situation. Cet accompagnement pourrait être organisé par des bénévoles ou stagiaires d’école de formation sociale. Nombreux sont les migrants rapatriés, à ce jour réinsérés, qui proposent d’instaurer des points d’écoute dans chaque communauté rurale ; l’idée étant de démultiplier ces structures pour qu’elles soient finalement prises en charge par l’Etat.

La nécessité pragmatique de trouver des alternatives au départ

D’autre part, des alternatives économiques à plus long terme sont également proposées. Au Sénégal, la question des migrations est principalement perçue comme un problème de développement économique, de manque de perspectives et de sous-emplois.

Une aide à la régularisation administrative est indispensable selon eux pour que le migrant rapatrié retrouve au plus vite des papiers et donc une identité. Dans chaque localité, une évaluation des potentialités doit être effectuée. En terme de réinsertion économique, un accès facilité à des crédits leur donnerait la possibilité de fonder un patrimoine et de lancer une activité génératrice de revenus. Ainsi, un retourné volontaire a eu l’opportunité de créer son propre campement touristique et de proposer des services d’hôtellerie. Aidé financièrement par l’Eglise du village, il a été fortement encouragé. Il souhaite désormais lancer des activités de maraîchage dans son campement pour offrir des perspectives aux jeunes de son village, parfois rapatriés et souvent désoeuvrés.

Le travail de réinsertion doit absolument impliquer les mères qui sont parties prenantes de la dynamique migratoire et qui sont parfois même à l’origine des départs. En outre, un appui auprès des acteurs économiques locaux leur donneraient les moyens de participer à la réinsertion des migrants.

À Mbour, le GIE qui s’est créé a pour objectif d’avoir un véritable rôle vis-à-vis de l’Etat. Le premier objectif au plan chronologique est de former les personnes élues du bureau, afin qu’ils s’approprient les modalités du règlement intérieur et du fonctionnement du GIE et qu’ils soient des cadres dirigeants, capables de s’adresser aux autorités et aux ONG partenaires ; la finalité étant qu’il y ait le moins d’intermédiaires possible entre le GIE et les interlocuteurs étatiques et associatifs.

Le GIE migrants souhaite mener des activités principalement dans le domaine de la pêche, du mareyage et du commerce. Dans la mesure où les membres du GIE souhaitent se regrouper en corps de métier, une des premières activités va donc être d’identifier leurs nombres pour investir dans des équipements adaptés et ainsi mettre des activités rentables. Il s’agirait notamment de démultiplier la pêche à la senne tournante [12], plus lucrative, et de favoriser la création de « pirogue-marée », qui permettent aux jeunes de devenir entrepreneurs et de ne pas être simplement sous l’autorité des capitaines.

Malgré cela, toujours l’envie de repartir…

Cependant, beaucoup de migrants restent convaincus que la meilleure façon de venir en aide à leur famille est de partir travailler en Europe. Leur objectif n’est donc pas de décourager les départs. Devant les conditions déplorables de la pêche, nul ne cherche chez les migrants rapatriés à empêcher d’autres jeunes de tenter leur chance. En effet, au plan politique, les accords avec l’Union Européenne et le Japon qui permettent aux chalutiers disposant d’une technologie avancée de pêcher dans les eaux sénégalaises (pêche industrielle), l’interdiction depuis les incidents de 1989 de pêcher dans les eaux mauritaniennes, et la multiplication des circuits commerciaux sont autant d’éléments qui nuisent à la pêche artisanale. Au plan biologique, le besoin non respecté de repeuplement des espèces et de repos des sols et la pauvreté des eaux dans certaines régions, notamment à Saint-Louis sont d’autres arguments qui justifient le départ vers l’Europe.

Devant ces conditions objectivement défavorables, le but est bien plutôt d’encourager les initiatives qui permettent aux migrants rapatriés, découragés par leur échec et ne souhaitant pas retenter le voyage par les pirogues, de voyager de façon régulière. Dans ce cadre, nombreux sont les migrants qui souhaitent mener plusieurs activités de lobbying auprès du gouvernement.

D’abord, pour bénéficier des visas qui sont négociés, notamment avec l’Espagne.

En effet, à leur retour, certains jeunes rapatriés, notamment à Yoff, ont exigé une rencontre avec le Président Wade. Finalement reçu par le Ministre de la Solidarité Internationale, il leur a été assuré que des visas temporaires étaient sur le point d’être négociés avec le gouvernement de Madrid. Or, si le gouvernement sénégalais a en effet fait partir une première vague de jeunes bénéficiant de visas négociés avec l’Espagne, les demandes des jeunes rapatriés ont eux été rejetées pour le motif : interdiction de séjourner pendant trois ans sur le territoire espagnol pour avoir tenté d’y entrer de manière clandestine. Sur les quatre-vingts visas partis dans les premiers mois des négociations en 2007, seuls deux d’entre eux étaient des rapatriés. Si deux mille sept cents visas sont négociés pour l’année 2008, dont deux mille dans le secteur de la pêche et sept cents pour l’exploitation des productions agricoles, le gouvernement est seul à avoir le pouvoir de décision pour sélectionner les candidats, théoriquement choisis par une commission composée du Ministère de la Jeunesse, des représentants de la presse et d’organismes de jeunes. Les migrants réclament qu’une procédure transparente soit instaurée, notamment par l’intégration des associations locales et les rapatriés eux-mêmes dans le comité de sélection.

Les jeunes de Yoff souhaitent également suivre l’évolution des activités menées à l’intérieur du pays en termes d’évolution des perspectives économiques, comme le plan REVA. L’objectif serait aussi de regarder de près les accords inter-étatiques qui permettent l’envoi de main d’œuvre, grâce à des contrats saisonniers.

À Mbour, le Comité de Pêche, par l’intermédiaire de son président, mène un travail de plaidoyer auprès du Gouvernement pour expliquer la situation des pêcheurs et des jeunes qui tentent de partir vers l’Espagne. Selon lui, « il n’est pas crédible d’essayer d’empêcher les jeunes de partir. L’idéal serait que les jeunes partent avec un métier à exercer en Europe  » [13]. Il a donc plaidé auprès des Autorités pour que deux arrêtés soient élaborés : l’un interdisant les filets qui laissent les déchets dans la mer et éloignent les bancs de poisson ; l’autre permettant la protection et la sauvegarde des petits poissons.

Enfin, au plan local, il est indispensable pour beaucoup de migrants et de présidents de communauté rurale (PCR), d’intensifier le lobbying auprès des pouvoirs publics qui parfois freinent les initiatives locales dans les localités d’origine.Un ancien président de communauté rurale explique : « l’Etat déstabilise les communautés rurales et décourage le processus d’organisation des populations.  » Par exemple, les activités des comités de plage de la réserve de biosphère du Saloum ont été fortement restreintes par les autorités publiques qui affirmaient que ce genre d’initiatives relevait de la compétence de la Direction de la Pêche et des instances gouvernementales. Or, dans la mesure où ces activités ne sont pas menées par le gouvernement, les pêcheurs locaux et migrants revendiquent le droit de pouvoir les prendre en charge.

Un jeune tissu associatif témoignant d’une certaine prise de conscience d’une partie de la société civile qui se pose comme voix alternative à l’Etat

Le champ associatif au Sénégal : alternative aux politiques publics ?

Après avoir constaté l’incapacité de l’Etat à intervenir sur ce volet ‘migration et insertion socio-économique des jeunes’, les migrants eux-mêmes, notamment rapatriés, se sont mobilisés pour apporter leur propre solution et contester le manque de transparence des décisions gouvernementales dans ce domaine. Les associations locales ont donc à la fois un rôle d’impulsion des politiques publiques, et un rôle contestataire et de contre-pouvoir de par leur travail de plaidoyer et de lobbying.

Dénonçant la façon dont l’Etat s’engage uniquement de façon superficielle dans certains domaines, dont l’aide à la promotion des jeunes (par exemple, le Plan REVA et le FNJ [14]), beaucoup d’associations se sont formées là où l’Etat était impuissant à faire. Cependant, les initiatives locales semblent s’être organisées à côté de la sphère étatique, leur objectif premier étant de répondre aux intérêts de leurs membres. Dans ce cadre, les liens de solidarités et d’entraide structurant ces associations se sont le plus souvent créés de manière informelle. Les formes de vie associative ont évolué dans des contextes locaux, la finalité étant de répondre aux besoins directs des populations, dans leur contexte quotidien de survie [15].

Au plan associatif, ces associations locales trouvent un écho et un appui auprès des ONG plus institutionnalisées. Certaines ONG à Dakar, et notamment celles qui proposent des appuis aux migrants, souhaitent désormais se concentrer sur ces enjeux. Ainsi, créé depuis les premiers mouvements de population dus à la crise rwandaise et ivoirienne, le PARI (Point d’Accueil des Réfugiés et Immigrés), antenne de Caritas, était à l’origine centré sur les pays en conflits. Le PARI s’occupait principalement de la question des réfugiés, l’objectif étant de les « remettre debout » pour qu’il puisse ensuite bénéficier de l’aide du HCR. Jusqu’en 2006, le PARI n’avait jamais eu jusqu’à ce jour à s’occuper de ressortissants sénégalais. Pourtant, depuis l’apparition du « phénomène des pirogues », mais surtout depuis le phénomène de refoulement massif, du Maroc, de la Mauritanie, et d’Europe, les migrants rapatriés apparaissent comme « une nouvelle catégorie de demandeurs d’aide » [16]. Dès lors, le PARI a choisi de réorienter ses projets. Si certaines ONG souhaitent proposer des alternatives économiques, d’autres associations envisagent de mener des activités de sensibilisation pour avertir sur la précarité des situations vécues en Europe par les clandestins, et éventuellement de plaidoyer pour dénoncer la politique de l’Union Européenne, fondée sur le duo : Frontex/ Plan REVA.

Certaines associations spécialisées dans les droits de l’homme ont pris l’habitude de rédiger des communiqués pour alerter l’opinion publique sur la situation des refoulés et notamment pour favoriser la transparence sur les accords de rapatriements passés avec l’UE. D’autres enfin travaillent pour analyser les causes et modalités des départs, ainsi que les profils des candidats pour comprendre le phénomène.

Les initiatives associatives comme celles de Mbour ou de Yoff sont encouragées par ce genre d’ONG. Cette nécessité de mettre en place « des mécanismes et instruments palliatifs au rôle traditionnel de l’Etat (…), notamment en matière de création d’emplois, concernant la satisfaction de la demande sociale et de l’équilibre économique, justifie la floraison  » de ces associations, qui jouent les « rôles de relais de l’Etat dans la défense des intérêts des populations ». [17]

La multiplication des associations depuis les années 70 semble bien illustrer cette « volonté manifeste des populations locales d’assurer leur auto prise en charge, et en même temps à un pouvoir de contrôle vis-à-vis d’un Etat en recul dans ses prérogatives » (Dia, 2007 :78). En effet, il semble bien que l’on assiste depuis les années 80 à l’apparition d’associations qui cherchent à jouer un rôle structurant dans la construction de la société civile et du poids qu’elle est supposée avoir face à l’Etat. Le manque de capacités de l’Etat sénégalais à gérer équitablement et efficacement cette question a conduit à mettre l’accent sur l’étude des capacités des acteurs associatifs à apporter des réponses là où l’Etat n’avait plus les moyens d’intervenir. Face à la désillusion d’une action efficace de l’Etat, les ONG et associations locales se veulent être ‘agissante’ sur des questions publiques [18]. Elles apparaissent comme une instance de recours de la société tout entière, dans ces domaines, après l’échec de l’Etat à assumer sa « vocation ». [19]

Dans ce cadre, les ONG apparaissent donc bien comme les acteurs dont « l’action a été acceptée par les pouvoirs publics comme une opportunité pour trouver des solutions à la demande des populations  » (Diop, 2002 :74 in Dia, 2007:85)

Une véritable tentative de mobilisation collective

On parle de mobilisation collective pour qualifier toute action revendicative en faveur d’une cause, matérielle ou immatérielle, et visant à transformer l’ordre social existant. Ce terme désigne la coordination des activités d’un groupe souhaitant défendre ses intérêts. Elle a pour finalité de changer une situation sociale, en un sens favorable au groupe, selon ses valeurs et ses motivations. Les formes de mobilisation sont multiples, il s’agit le plus souvent de forums ou de manifestations. Les objectifs eux aussi peuvent être multiples : il peut s’agir de sensibiliser l’opinion publique sur un thème, d’infléchir des choix gouvernementaux, ou bien encore de réfléchir, collectivement sur certains enjeux de la société. Comment naît une mobilisation collective ?

Trois conditions doivent être remplies : les acteurs doivent partager les mêmes buts et intérêts communs. Le groupe doit s’opposer fermement à d’autres groupes, ce qui suppose une forte solidarité interne. Enfin, les protagonistes doivent avoir conscience des enjeux de leurs actions et de leur finalité. (A.Touraine [20],)

Illustration de cette action collective sur la question migratoire, l’ensemble des associations sensibilisées, populations locales, présidents de communauté rurale se sont rassemblés, à l’initiative de l’ONG Caritas Dakar, dans la région du Saloum en décembre 2007 pour réfléchir sur la problématique de la migration et de l’emploi des jeunes. Les associations locales, comme le GIE de Mbour, aux ONG plus classiques y étaient présentes. L’objectif était de donner la parole à tous les acteurs de cette question et de réfléchir sur ces enjeux. Ce forum des populations et des associations a été un espace de discussion pour élaborer des stratégies pour accueillir, réinsérer les migrants rapatriés et proposer des instruments concrets de création d’alternatives économiques. Les acteurs associatifs et les populations locales y ont discuté de méthodes de plaidoyer auprès des pouvoirs publics, nationaux et européens, notamment pour que les jeunes rapatriés soient ceux qui bénéficient en premier lieu des visas négociés.

Expression d’une société civile davantage mobilisée

Les études sur la société civile au Sénégal sont peu nombreuses. Elle est le plus souvent associée à la multiplication des associations et ONG qui date des années 70 (Dia, 2007 :67). Or, s’il apparaît réducteur de limiter la définition de la société civile à ces acteurs associatifs, ces derniers n’en restent pas moins une composante essentielle. Selon Dia, ces acteurs illustrent notamment la catégorie « active » de la société civile, « qui relaye l’Etat dans la réalisation des objectifs de développement socio-économique.  » Ils sont à la fois « des forces de proposition et de contestation » (Dia, 2007 :86). Kassé explique que la société civile ne peut se définir uniquement comme un contre-pouvoir [21], elle est aussi « un mécanisme d’amplification de la demande sociale », « entité autonome » et potentielle « force de pression » [22]. Elle est un « porte-voix » de la société en général. En ce sens, si l’on ne peut limiter la société civile sénégalaise aux acteurs associatifs, les associations locales qui se forment et les ONG qui se repositionnent sur ces enjeux de migrations sont tout de même bien l’illustration d’une plus grande mobilisation de la société toute entière sur la causalité de ces départs, sur les réponses à apporter et les politiques à mettre en œuvre. Cette société civile apparaît bien ici comme une force de substitution, face au manque de capacités du politique (Fougeyrollas in Dia, 2007).

Risque d’une instrumentalisation ?

Y a t-il un risque que ces associations naissantes soient happées par les appels de fonds européens ? Dans la mesure où l’action des ONG et associations du sud est souvent largement conditionnée par les subventions des bailleurs nationaux et internationaux, leur autonomie et indépendance peut être mise en péril. La question de la dépendance souligne le pouvoir de coercition du détenteur des ressources financières qui impose son agenda et son programme de développement à des exécutants disposant, non du capital, mais des ressources humaines pour le mettre en œuvre [23]. Or, puisque dans les pays du sud, les acteurs associatifs locaux apparaissent comme des relais efficaces de l’action publique, il serait possible de craindre que l’Union Européenne fasse désormais appel à eux pour mettre en application sa politique de rapatriement et réinsertion, et éventuellement, de découragement des candidats au départ.

Les mécanismes financiers mis en place par l’Union Européenne sont en effet des outils efficaces pour permettre de « piloter par le haut » ces initiatives locales. [24] Et les associations deviennent parfois avant tout des exécutants de projet.

Cela étant, ce jeune tissu associatif, très fortement fondé sur des solidarités familiales et locales, cherche avant tout à trouver des solutions efficaces à des enjeux locaux concrets. Dans ce cadre, il est encore loin de l’opportunisme financier parfois dénoncé chez certaines ONG à la recherche d’appels d’offre lucratifs. Plutôt que de mettre à exécution un agenda dirigé par l’Union Européenne, ces réseaux locaux organisés en association témoignent bien plus d’une prise de conscience, locale certes mais aussi nationale. Ils semblent être dès lors l’illustration d’une volonté des populations de prendre en main ces enjeux.

Conclusion :

S’il s’agit pour le moment d’initiatives encore très locales qui n’ont pas nécessairement encore beaucoup de poids, elles sont pourtant bien le témoignage d’une mobilisation d’une partie de la société civile sur ces enjeux de migrations. Ces réseaux locaux, ces liens de solidarité qui se renforcent et s’organisent semblent bien être le premier pas d’une forme de mobilisation collective des populations, qui souhaitent, devant l’impuissance de l’Etat, mener des actions concrètes face à ce phénomène qui occupe la presse, les discours officiels comme les esprits de beaucoup de jeunes dans ce pays.

Certes, ce tissu associatif est jeune et encore fragile, parfois même informel.Cependant, s’il est seul à apporter une réponse, ne peut-on pas émettre l’hypothèse qu’il deviendra un contre-pouvoir, une force alternative à la logique sécuritaire de l’Union Européenne et à l’impuissance et parfois à l’opportunisme, du gouvernement sénégalais sur cet enjeu migratoire ?Ces jeunes associations, GIE et ONG, représentants d’une partie de la société civile, se posent en suppléant de l’action gouvernementale. Ils illustrent ainsi une certaine prise de conscience de la nécessité d’une action urgente, certes en termes de proposition d’alternatives économiques mais aussi en termes de plaidoyer et de lobbying vis-à-vis du gouvernement sénégalais. De par ses propositions, cette société civile semble bien se poser en acteur modéré défendant à la fois le droit de partir, mais aussi le droit de rester. Ne pourrait-elle pas alors devenir les arbitres du débat qui oppose ceux défendant la liberté de circulation, et ceux souhaitant donner la priorité à l’amélioration des conditions de vie sur place et donc à la recherche d’alternatives au départ ?

Néanmoins, une question reste posée. « Si les ONG servent de suppléants positifs à l’action de l’Etat, elles ne peuvent néanmoins prétendre à une identification exclusive à la société civile ». (Dia, 2007:65). Tout en continuant à analyser ce tissu associatif, il s’agirait donc aussi de s’interroger et d’analyser le positionnement des autres principaux acteurs de la société civile, notamment les groupes religieux et syndicats qui peuvent exercer une influence remarquable sur les instances étatiques. Comment réagissent-ils sur ces questions ? Se positionnent-ils en faveur du départ ? Ou se concentrent-ils sur la recherche d’alternatives ? Autant de questions qui restent posées pour évaluer de façon plus globale cette mobilisation de la société civile sénégalaise.

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NOTES

[1] Entretiens avec les migrants rapatriés, Yoff, St-Louis, Mbour, mars 2007 / Mbour, juin 2007

[2] Entretien avec le personnel de l’aéroport de St-Louis, mars 2007

[3] Entretiens avec les migrants rapatriés, Yoff, mars 2007

[4] Voir le concept d’‘Initiatives Communautaires Autonomes’ (ICA),défini par l’Institut Panafricain pour le Développement, au colloque de Yaoundé, 12-16 janvier 1981.

[5] APROSOR : Association pour la Promotion Sociale en milieu Rural et urbain

[6] Entretien avec les migrants rapatriés, Yoff, mars 2007

[7] Plan REVA : Retour Vers l’Agriculture. Ce plan a été conçu par le gouvernement sénégalais sur financements du gouvernement espagnol. Il vise théoriquement à investir dans les zones rurale, agricoles et côtières afin d’y créer des opportunités au plan économique et ainsi « fixer » les populations, freiner l’exode rural et les départs illégaux vers l’Europe. Si le plan REVA envisage des activités dans le domaine de la pêche, celles-ci ont été conçues sans la consultation des professionnels du secteur et ne sont pas crédibles dans la réalité. Selon nombreux migrants et pêcheurs, « le plan REVA est un rêve ».

[8] GIE : Groupe d’Intérêts Economiques

[9] Lalou, Ndione, Tendance récentes des migrations internationales dans le Sénégal urbain : existe-t-il une dynamique de quartier ? Les exemples de Dakar, Touba et Kaolack.Série Migrations, dynamiques démographiques et environnement, Document de recherche n°1 : p.1

[10] La création d’un GIE et sa reconnaissance par le tribunal de la région coûte 150.000 fcfa (230 euros). Après avoir essuyé les refus des mairies, autorités publiques et institutions pour une aide de ce paiement, les migrants ont finalement pu trouver les fonds auprès d’une ONG européenne.

[11] Propos tenus par l’un des responsables, lui-même acteur associatif local, encadrant le GIE, lors de la réunion du GIE Migrants du 17 décembre 2007

[12] Pêche à la senne tournante : technique de pêche qui consiste à capturer les poissons à la surface de l’eau en les encerclant à l’aide d’un filet.

[13] Entretien réalisé à Mbour en mars 2007

[14] Fonds National de la Jeunesse, responsable de distribuer des subventions à certains projets mis en place par des jeunes. Le FNJ a donné lieu à la création de l’ANEJ – Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes

[15] Bratton, 1989, « Beyond the State : Civil Society and Associational Life in Africa », World Politics, 41(3) :407-430.

[16] Frères Taizé, L’Afrique verrouillée », mai 2006, http://www.taize.fr/fr_article3511.html

[17] Dia, H.S, Etat et société civile au Sénégal, Berliner Studien zur politik in Africa, 14, 2007 : p. 135

[18] Azarya V, 1994. « Civil Society and Disengagement », in HARBESON J, Civil society and the State in Africa, Lynne Rienner Publishers, Londres : p.86

[19] . Chevallier, La société civile, PUF, 1986

[20] Azarya V, 1994. « Civil Society and Disengagement », in HARBESON J, Civil society and the State in Africa, Lynne Rienner Publishers, Londres.

[21] Kassé, 1997, « Concept fictif d’une réalité inachevée », Sud Quotidien, 1166, 25 février 1997 : 11

[22] Selon le CONGAD, « les ONG ont la vocation d’être des centres de vigilances vis-à-vis de l’Etat et des dépositaires du pouvoir, mais aussi d’être des centres de créativité pour proposer des alternatives pertinences en vue d’un véritable développement ».Cf. Code d’éthique et de Déontologie des ONG membres du CONGAD.

[23] G. MASSART, « Le secteur associatif africain : autonome ou instrumentalisé ? » Revue Hémisphères, ONGhttp://www.colophon.be/pages/hemisp...

[24] Cette question est plus largement développée dans : N. Marx, 2006, Europe-Mali : les ONG de développement », Mémoire de Master 2 Science Politique/ Etudes Africaines, Paris 1, Réseau Terra, collection Masters, 127p