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À traduire

Recueil Alexandries

décembre 2011

Catarina Antunes Gomes
Maria Paula Meneses

História e Colonialismo : Por uma Inter-historicidade

Histoire et colonialisme : pour une inter-historicité

auteur

Catarina Antunes Gomes is a researcher at the Centre of Social Studies of the University of Coimbra and a member of Studies on Democracy, Multicultural Citizenship and Participation of the same institution. She has a PhD degree on Sociology attributed by the School of Economics of the University of Coimbra. Her academic formation is in Social and Cultural Anthropology by the Science and Technology Faculty of the same University. She is also (...)

auteur

Maria Paula MENESES est chercheure au Centre d’études sociales [CES], Université de Coimbra, ayant obtenu un doctorat en anthropologie de l’Université Rutgers (Etats-Unis) et une maîtrise en histoire de l’Université de Saint-Pétersbourg (Russie). Auparavant, elle était professeure à l’Université Eduardo Mondlane (Mozambique). Au CES elle intègre le groupe d’études sur la démocratie, la citoyenneté et le droit, qu’elle (...)

résumé

La validité moderne des macro-récits historiques produit une distorsion de la construction des savoirs, de même qu’elle informe l’imaginaire collectif sur le passé, le present et les possibilités d’un avenir. En ce qui concerne la critique postmoderne, elle n’a pas contribué au dépassement de ces effets de distorsion, puisque l’auto-référentialité de la modernité occidentale n’a pas été surmontée. En nous focalisant sur l’histoire du colonialisme portugais et en explorant le potentiel des pratiques mémorielles aussi bien en tant que droit qu’en tant que ressource historique, il est ici argumenté que les histories colonials sont le théâtre central pour l’exercice d‘une hermeéneutique diatopique conceptualisée par Boaventura de Sousa Santos, une herméneutique en tant que principe directeur en vue de la proposition d’une inter-historicité.

Etat : article traduit (portugais // français)

à propos

Avec l’autorisation des auteures que nous remercions, cet articles inédit a été publié en portugais en décembre 2011 par le réseau Terra qui a lancé un appel à le traduire vers le français. La traduction de Béatrice Bachelier est publiée ici même après validation par les auteures. Madame Béatrice Bachelier (Nantes), abonnée de [TERRA-Mensuel] a bien voulu assurer la traduction mise en ligne le 11 mars 2012. Les auteures et le réseau Terra la remercient chaleureusement de cette traduction bénévole, utile à tous.

Mots clefs

citation

Catarina Antunes Gomes, Maria Paula Meneses, "História e Colonialismo : Por uma Inter-historicidade", Collections À traduire, Recueil Alexandries, décembre 2011, url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article1223.html

La validité [1] moderne des macro-récits historiques, ou pour reprendre l’expression de Lyotard (1984), des métarécits, produit une distorsion non seulement de la construction du savoir historique – avec des conséquences inévitables au niveau des modes de lecture des réalités contemporaines -, mais elle sape aussi de manière significative l’imaginaire collectif relatif au passé, au présent et aux possibilités de futur.

La critique faite tant au métarécit qu’au regard qui découle de ses ambitions universalisantes s’intègre dans le vaste mouvement de la critique de la modernité dans ses versions poststructuralistes et postmodernes (cf. Santos, 1994, 2000, 2006 ; Rorty, 1979, 1999 ; Lyotard, 1979, Jameson, 1991, entre autres). En faisant imploser le métarécit, parce qu’elle en expose les contingences et les limitations du pouvoir heuristique et qu’elle le confronte à la diversité des modes d’énonciation et d’interprétation des récits, des discours et des formes de signification, cette critique s’assume comme l’un des piliers les plus fondamentaux du postmodernisme que le post-colonialisme récupère et élabore (cf. Santos, 1994, 2000, 2006 ; Rorty, 1979, 1999 ; Lyotard, 1979, Jameson, 1991, entre autres).

Cependant, ce consensus apparent occulte une relation complexe, ambiguë et conflictuelle entre postmodernisme et post-colonialisme. En fait, bien qu’il soit évident que les deux positions partagent la critique de cet universalisme qui célébra l’Occident comme centre du monde, le post-colonialisme récuse ce qui est l’illusion centrale du premier. A savoir : la célébration de la fin des métarécits, tout comme la célébration de la fragmentation, de la pluralité et de la différence, ne devra pas reposer sur l’oubli des relations injustes de pouvoir, ni demeurer aliénée dans une sorte de scepticisme ou de résignation fatale ou de neutralité épistémologique rénovée face à la transformation sociale, sinon il restera « toujours à savoir si la déclaration de fin des métarécits et des totalités hiérarchiques n’est pas, elle même, un métarécit dont la totalité et la hiérarchie s’insinuent dans la célébration de la fragmentation et de la différence » (Santos, 2006 : 27-28).

C’est en se focalisant sur ces relations déséquilibrées et sur leurs dynamiques de production et de structuration, telles que le capitalisme et le colonialisme, que la critique du métarécit dans la perspective postcoloniale tente d’éviter les impasses dans lesquelles ont abouti les développements des théories postmodernes, et dans lesquelles ils sont tombés à cause de la similitude qui fonde leur projet. En réalité, ce type d’impasses, déjà abondamment énoncées et problématisées, provient de l’impossibilité et de l’incapacité du projet postmoderne à se penser au-delà de soi-même, à se penser au-delà de sa propre imagination et à se penser au-delà du lieu de son énonciation. Il s’agit ici de la validité des structures de caractère colonial du savoir et du pouvoir abordées par Mignolo (2003 ; 2005) et Quijano (2000). Dans sa critique de l’eurocentrisme, par exemple, Quijano analyse l’incapacité d’auto-transcendance de la pensée eurocentrique, en examinant comparativement comment ses lectures emblématiques du monde – libéralisme, matérialisme historique et postmodernisme - se trouvent ancrées dans une idée de totalité (systémique, organique ou absente/inexistante) qui traduit le référentiel inévitable d’une structure composée d’éléments homogènes, a-historiques, qui maintiennent entre eux des relations linéaires organisées en fonction d’une telle structure. Le regard qui en résulte, biaisé par une cécité profonde, ne permet pas de rendre compte de trajectoires historiques spécifiques, d’espaces-temps distincts, de relations conflictuelles, discontinues, dans la mesure où il articule cette hétérogénéité en fonction d’un idéal de totalité ou, en alternative redondante, en fonction de la négation de cette totalité, la replaçant dans un décor global imperméable aux dynamiques structurantes des relations de pouvoir. Comme le mentionne Santos, la question centrale qui se pose ici est que « l’idée de postmodernité désigne trop la description que la modernité occidentale fait d’elle-même et, dans cette mesure, elle peut occulter la description qu’en firent ceux qui souffrirent de la violence avec laquelle elle leur fut imposée » (2006 : 25). La forme qui concrétise l’évitement post-colonial de ces impasses et erreurs réside dans la transformation de la logique du projet de pensée, passant de la similitude à l’altérité impensée. Ce qui implique de penser en termes nouveaux les existences sociales comme champs de relations structurés au travers d’articulations hétérogènes, contextuelles, discontinues entre des éléments historiques, constitués comme des singularités.

Dans le domaine de l’histoire, ceci implique un effort complexe qui passe par la critique épistémologique des termes et des conditions dans lesquels a été produite la connaissance historique, par la dénaturalisation des signifiés et des références cognitives que les métarécits ont produits et consolidés en imaginaires sociaux et par l’intégration dialogique des impensés, des absences et des inexistences que ces métarécits ont permis de créer. Les expériences de(s) colonialisme(s) semblent, sous cet aspect, l’un des espaces les plus propices à cette rencontre dialogique. Il convient cependant de souligner qu’une telle rencontre dialogique ne se constituera pas tant qu’elle demeurera choc de prétentions s’excluant mutuellement, choc duquel il résulterait de nouveaux universalismes. Pour être accomplie, elle devra l’être dans « la conscience la plus approfondie et réciproque des nombreuses incomplétudes dont est faite la diversité culturelle, sociale et épistémologique du monde », que Santos nomme herméneutique diatopique (2006 : 21).

Puisque la centralité du colonialisme se reconnaît dans la formation de l’ethos européen, c’est dans le domaine de l’histoire que se combattent les tendances conservatrices de l’histoire officielle et de la mémoire autorisée, où s’alimente la séduction réconfortante de la version complète du passé historique fourni par le métarécit, et la production d’un savoir historique basée sur les exercices de l’herméneutique diatopique entre des narrations, des mémoires, des expériences et des interprétations – entre des singularités discontinues de différents lieux d’énonciation.

Des analyses produites sur l’enseignement de l’histoire au Portugal sont venues démontrer la prévalence de ces positions conservatrices. Elles illustrent, par exemple, comment l’enseignement de l’histoire du colonialisme à des générations successives de Portugais a été entaché par une série de mystifications qui, loin d’être sources de connaissance, devront être envisagées comme objets d’étude en soi. (Guimarães, 1983).

Et, de fait, ce qu’ont révélé diverses recherches contemporaines sur ce sujet, c’est la prédominance d’une vision eurocentrique de l’histoire portugaise, basée sur une conception théologique du temps historique et sur une géographie reposant sur la dichotomie centre-périphérie. Cette vision produit et explique le caractère dépolitisé des récits sur le colonialisme portugais, ainsi que sur les dynamiques de pouvoir et de violence que celui-ci a engendrées.

Le travail de Marta Araújo et Silvia Maeso sur les manuels scolaires d’histoire portugaise analyse cette question et démontre la persistance d’une imagination impériale. Pour ces auteures, « Tandis que la “Révolution américaine” est présentée comme un processus bien suivi de démocratisation et de formation de la nation, les processus d’ “Indépendance” dans l’Afrique du XXe siècle plus précisément, celle que l’on nomme “Guerre coloniale” entre le Portugal et ses colonies, sont considérés non comme des processus politiques, mais comme “Guerre de guérilla” ; en présentant des images qui accentuent le caractère violent de la guérilla ; “Soldats portugais capturés par des troupes de la guérilla angolaise” (H9, p.179). De la même manière, le récit décrit le comportement violent des colonisateurs portugais comme étant défensif, alors que la “guérilla angolaise” est présentée comme assassinat : Un sentiment généralisé de peur entre les colons les amena à tuer de nombreux indigènes tandis que d’autres fuyaient, allant se joindre aux guérilleros. Plus tard, des tribus du nord de l’Angola assassinèrent des centaines de colons (H9, p.178). La description des troupes angolaises comme “tribus” constitue un élément important une fois que l’Afrique contemporaine est fréquemment décrite comme un continent en échec (en raison de l’échec de ses Etats-nationaux), pris dans les mailles de la corruption, de la pauvreté et de la violence interne » (2010 : 250) [2]

Dans ces descriptions, édulcorées suite à une dépolitisation déresponsabilisante, il se produit une distanciation et une neutralité envers la violence que la rencontre et la domination coloniales ont produite. Les stratégies discursives qui configurent ces textes pédagogiques de l’enseignement de l’histoire au Portugal dévoilent, à leur tour, l’actualisation constante d’une ‘imagination impériale’ (Pratt, 2008) qui reproduit la hiérarchisation sociale, culturelle, symbolique et morale des parties en confrontation dans la guerre coloniale : au colon et au soldat s’oppose le rebelle, l’insurgé, le terroriste ; à l’attitude défensive des premiers s’oppose le comportement violent des seconds.

L’un des problèmes les plus significatifs dans ces ordres discursifs, c’est que de ceux-ci découle la reproduction, la dissémination et la légitimation de cette même imagination impériale, laquelle non seulement conditionne la perception de la réalité (du passé, comme du présent), mais est aussi elle-même productrice de réalité (Appadurai, 1997). Dans son texte « Memory, History, Fiction. A note on the politics of the past in Mozambique », João Paulo Borges Coelho souligne à propos du cas mozambicain et de sa notion de mémoire politique (officielle, contrôlée par le pouvoir), la façon dont les Etats développent des mécanismes pour contrôler et manipuler le passé en fonction de la création d’une mémoire politique qui leur soit favorable et se transforme à long terme en une mémoire historique et collective [3]. C’est dans cette longue durée que se produit la réalité qu’un métarécit donné, consacré comme histoire officielle et cristallisé comme mémoire collective, porte en soi. Dans ces processus, comme l’a noté Chakravorty-Spivak, « what is our narrativization of history is seen not only ‘as it really was’, but implicitly ‘as it ought to be’ » (1999 : 222) [4].

L’actualisation de cette imagination impériale par le travail historique sur le colonialisme, nommément le portugais, repose sur la vitalité avec laquelle les structures de colonialité du pouvoir et du savoir agissent au niveau de la production du savoir historique. Quijano nous explique, à ce sujet, que « la modernidad y da racionalidad fueron imaginadas como experiencias y productos exclusivamente europeos. Desde esse punto de vista, las relaciones intersubjectivas y culturales entre Europa, es decir Europa Occidental, y el resto del mundo, fureon codificadas en un juego entero de novas categorias : Oriente-Occidente ; primitivo-civilizado ; mágico/mítico-científico, irracional-racional, tradicional-moderno. En suma, Europa y no-Europa. (…) No los ‘indios’ de América. Tampouco los ‘negros’ del Africa. (….) Esa perspectiva binária, dualista, de conocimiento peculiar del eurocentrismo, se impuso como mundialmente hegemónica en el mismo cauce de la expansión del domínio colonial de Europa sobre el mundo » (2000 : 211) [5]

Développant son épistémologie critique du travail historique, Tony Bennet (1999) travaille sur l’impossibilité d’accéder au passé et sur les conséquences de n’avoir accès qu’aux seules archives, elles-mêmes historicisées, considérant que le statut du savoir historique ne repose pas sur le pilier de la vérité positive, mais sur la réalité sédimentaire du présent et sur les réalités que les historiographes du présent maintiennent, préservent ou transforment. Au cours de la production de savoir historique, seule une observation de second rang capable de dénaturaliser les outils conceptuels et les référentiels cognitifs pourra faire prendre conscience de ce que ce savoir n’est pas tellement sur ‘le passé comme il était’ mais sur ‘le passé comme il est (il signifie/ il importe) pour le présent’. Ceci nous aide à comprendre la forme suivant laquelle la validité d’une ‘imagination impériale’ conditionne, en l’absence de cette observation de second rang, une lecture naturalisée et univoque du ‘passé comme il était’ et que, fréquemment, elle ne fait que décrire ‘le passé comme il est (il signifie/ il importe) pour le présent’. Ankersmit (2001), un autre théoricien du constructivisme radical dans le domaine de l’histoire, réfléchissant aux relations entre l’historiographie et la fiction, pose le problème de la forme selon laquelle les lectures réalisées à partir de fragments du passé produisent des images iconiques de ce même passé. A partir du moment où ces images iconiques se diffusent dans l’histoire officielle et se stabilisent dans la mémoire collective, questionner leur véracité devient beaucoup plus complexe.

Ces deux positions cherchent à contrarier les effets de l’historiographie positive qui, bien qu’ayant été l’objet de dures critiques, reste une source importante de ‘referential statements’ (LaCapra, 2001), que ce soit encore pour la production de savoir historique, que ce soit pour l’enseignement de l’histoire, comme dans le cas portugais, que ce soit pour des imaginaires sociaux. Cependant, le fait de signaler la forme selon laquelle des facteurs politiques, idéologiques, esthétiques, etc., construisent la structure des interprétations du passé, comme le fait Ankersmit, pourrait aboutir à une impasse si d’autre modes de compréhension du passé, à savoir la mémoire et l’expérience, ne pouvaient être énoncés à cause de cette critique. C’est ce que fait LaCapra dans son travail sur l’Holocauste, cet auteur considérant que « testemonies serve to bring theoretical concerns in sustained contact with the experience of people who lived through events and suffered devastating losses. They also raise the problem of the role of affect and empathy in historical understanding itself » (2001 : XVI) [6].

Il convient donc de souligner la forme selon laquelle le macro-récit historique réduit au silence les perspectives, les récits, les expériences, les mémoires des acteurs ne parlant pas à partir de, ou par, le centre qui autorise, sanctionne, légitime et dissémine ce même macro-récit, minant ainsi, du point de vue de LaCapra, la propre possibilité de compression historique du passé. Comme dirait Bourdieu, « la censure la plus radicale est l’absence » (1989:55).

Cette réduction de ‘l’autre’ au silence dérive et participe, à son tour, d’une conception coloniale du monde et de l’autre, et d’une conceptualisation théologique du temps, génératrices de violences et de classifications hiérarchisées des réalités humaines. Selon cette conception, l’Afrique s’est retrouvée figée comme le ‘continent récusé’, le lieu des extrêmes négatifs, le paradigme radical de la différence radicale [7], dont l’intégration dans la dynamique de l’histoire, celle-ci étant conçue en accord avec les idéaux triomphalistes du progrès, fut inaugurée et rendue possible par la seule intervention du centre colonial/impérial avec ses technologies de domestication de l’espace, du temps, du corps, de l’esprit, de la routine et des relations, légitimées scientifiquement par l’attribution d’infériorité au colonisé. Faisant écho au criticisme de Diop (ex.,1981) à propos de l’a-historicisme avec lequel l’académie dépeignait l’Afrique, Mudimbe alertait sur le fait que, avec l’expansion européenne, l’Europe avait soumis le monde à sa mémoire (1994). Cette perception d’inégalité radicale qu’incarnait l’Afrique s’ancrait clairement dans une logique de miroirs inversés.

Les histoires coloniales constituent donc un espace par excellence pour l’exercice de l’herméneutique diatopique. Car « loin de prétendre reconstruire la complétude culturelle (…), l’incomplétude culturelle approfondit, transformant la conscience initiale de l’incomplétude (…) en une conscience autoréflexive. (…) l’autoréflexivité exprime la reconnaissance de l’incomplétude culturelle de la culture de chacun telle qu’elle est vue dans le miroir de l’incomplétude culturelle de l’autre culture en dialogue » (Santos, 2006 : 425). Dans le domaine de l’histoire et de ses métarécits, cet exercice d’interculturalité se transforme ainsi en un exercice d’inter-historicité.

Dans ce contexte de l’inter-historicité du colonialisme, l’une des stratégies qui nous semble la plus pertinente consiste à récupérer le souvenir tant qu’il est objet d’interrogation et source d’une épistémologie critique qui se concentre sur les conditions et les termes de la production de connaissance historique validée, tout comme sur les conditions et les énonciations des imaginaires sociaux que celle-ci inaugure et sédimente. Déconstruire le macro-récit implique de réhabiliter ce qui n’a jamais été énoncé comme objet ou thème historique, et qui a été relégué à la sphère privée et intime de la mémoire – tâche qui s’insère dans un mouvement plus vaste de re-théorisation contemporaine du rôle et de la valeur de la mémoire, commencée dans la première moitié du XXe siècle par Halbawchs (1925, 1950), et de problématisation des signifiés, des possibilités et des responsabilités de l’histoire (cf., Antze ; Lambeck, 1996 ; Werbner, 1998 ; Assman, 1998 ; Ricoeur, 2000 ; Ollick, 2003 ; Brito et al, 2004 ; Booth, 2006 ; Santos, 2006 ; Jenkins 1995, entre autres).

Cette réhabilitation de la mémoire signifie la reconnaître en tant que recueil d’histoires alternatives et de vérités subalternes (Guha, 1996) ; en tant que moyen d’accès et d’analyse des formes subjectives selon lesquelles le passé est (ré)introduit et utilisé pour construire le présent, à travers des processus individuels et sociaux ; et en tant que moyen d’accès aux dissonances, discontinuités et ambivalences des expériences historiques de(s) rencontre(s) coloniale(s). Deux idées centrales doivent dès lors être soulignées. D’une part, la nécessité d’explorer le potentiel de la mémoire en tant que ressource qui pourra constituer une réponse nouvelle à la célèbre question de Chakravorty-Spivak. Ou autrement dit, la mémoire pourra-t-elle se constituer en espace d’auto-désignation du subalterne ? L’admission d’une telle possibilité implique de penser les pratiques de mémoire comme espaces discursifs, dont l’effectivité en termes d’auto-désignation met en garde quant aux formes selon lesquelles la colonité s’est constituée non seulement en tant que problème de connaissance, mais aussi en tant que problème de relation. Il ne s’agit pas seulement de ce que ‘disent’ ces pratiques de mémoire ; il s’agit aussi de la capacité à les entendre et à se faire interpeller par elles ; ce qui requiert une critique des processus de colonialité et d’eurocentrisme non seulement comme formes de domination mais encore comme limitation, incapacité et tarissement. De plus, la (re)conquête du pouvoir de raconter sa propre histoire – et, de là, de construire un espace pour des pratiques d’auto-désignation et d’identité – devra passer par un dialogue critique sur les racines des représentations contemporaines, sur son ancrage dans la bibliothèque coloniale, en questionnant les géographies associées à des concepts marqués par la relation coloniale. Que ce soit pour le sujet colonisé, que ce soit pour le sujet colonisateur. Il en découle la seconde idée : centrer le travail historique sur les désarticulations et les discontinuités dans lesquelles le métarécit historique est lancé par ces pratiques de mémoire et, simultanément, explorer comment, dans ces désarticulations, sont produits textes et sujets.

La reconnaissance de la mémoire comme objet d’interrogation présuppose, et en même temps approfondit, un engagement critique et réflexif sur la propre nature de la mémoire en tant que pratique complexe qui implique aussi bien l’évocation volontaire que la latence ou l’irruption involontaire du réduit au silence, de l’oublié ou du réprimé (cf. Antze, P. ; Lambeck, M, 1996 ; Brito et al, 2004). Cette complexité implique encore les utilisations du passé comme modèle heuristique et interprétatif du présent et du futur. Ce qui signifie que la valeur de l’articulation narrative du passé est appréhendée au niveau de ses buts et de ses effets moraux, que ce soit par référence aux nécessités et contraintes que le présent impose, que ce soit par référence aux attentes sociales quant au futur. Déconstruire le métarécit historique et ses effets qui excluent et réduisent au silence, dans le sens proposé par l’herméneutique diatopique, nous conduit à reconnaître la diversité et la singularité des expériences et des récits, des versions historiques et de la production de signifiés et de sens à partir de lieux distincts. Cet exercice d’inclusion et d’amplification de ce qui se désigne comme questions historiques et comme mémoires valides et pertinentes implique, à son tour, que de telles expériences, de tels récits, itinéraires, signifiés et sens dialoguent constamment entre eux – un dialogue qui, à l’opposé d’être conduit en fonction de la construction d’un nouveau macro-récit, ou d’une nouvelle version universalisante et totalitaire de l’histoire, serve la démocratisation des mémoires ainsi que le droit à l’histoire. Comme le démontre Paula Meneses à propos du Mozambique, la reconnaissance du droit aux mémoires, individuelles ou collectives, participe de processus d’élargissement démocratique tout comme la reconnaissance des impacts divers et variés du passé sur les sujets (2010). Dans ce sens aussi, Soyinka avait averti du fait que la démission de la mémoire, en tant que droit et en tant que ressource historique, s’apparente à l’intronisation d’une culture politique de l’impunité (1999).

Pour parvenir à une démocratisation des mémoires, il faut donc reconnaître que le monde est fait d’histoires multiples. Il faut aussi reconnaître la diversité des formes selon lesquelles le passé et les conceptions, les attentes et les projections sur le futur donnent corps au présent. Il faut encore reconnaître que le caractère univoque du macro-récit historique, étant producteur de signifiés qui se prétendent universels, exclut précisément la diversité des ethno-ontologies et des formes complexes de signification (attribution de signifié) historiques et identitaires. Dans cette acception, démocratiser signifie, pour cette raison, élargir l’espace pour la production de connaissances et cet élargissement devra assumer une dynamique dialogique et non normative ni univocale, c’est-à-dire une dynamique reposant sur la possibilité même de parler avec, au lieu de seulement parler sur les autres mondes et expériences, dévoilant les structures et les logiques de pouvoir dont parlait Quijano. C’est précisément dans cette dynamique dialogique entre sujets que réside également la possibilité d’éviter les limites, déjà énoncées, de la lecture postmoderne. Dans les efforts vers cette démocratisation des mémoires, il deviendra évident qu’aux réductions au silence des métarécits, succèdent les dissonances – dissonances entre concepts, interprétations, chronologies, signifiés et expériences [8]

La valeur de ces dissonances devra ainsi être réévaluée. Dans son appréciation normative, la dissonance semble porter en soi le fardeau du chaos qui, vu la nature qui lui est attribuée, est difficilement intelligible. Pourtant, la dissonance qu’implique l’élargissement du droit à et de l’exercice de l’histoire et de la mémoire n’est pas le signal du chaos et de l’incommunicabilité auxquels nous condamne la célébration postmoderne hégémonique de la fragmentation et de la différence.

C’est, surtout, signe de complexification. Et d’une complexification qui, étant inclusive, permet que les voix des récits, des expériences et des mémoires soient réflexives, c’est-à-dire qu’elle se pensent elles-mêmes et se problématisent dans leurs relations avec les lieux, les passés et les présents dissonants. Ce qui signifie ainsi, par exemple, de repenser la question coloniale au Portugal, en faisant d’elle une question constituante et pas simplement constituée, terminée, ayant obtenu réponse. Si, sous le signe de la décolonisation, la perception dominante est que le colonial se limite aux espaces extérieurs au Portugal, la confrontation dialogique du macro-récit historique portugais, avec ses silences et ses oublis, et avec d’autres expériences et itinéraires de l’histoire, devra permettre cette réflexivité même.

L’approche ici préconisée prétend ainsi inverser les positions normatives, inverser les termes et les formes d’énonciation. Que nous dit le monde en partant de cette inversion ? Qu’est-ce qui succède aux sens de l’histoire ? Qu’est-ce qui succède aux sens identitaires et d’appartenance ? Qu’est-ce qui succède à l’épistème dominant et à la connaissance en tant qu’énonciation et organisation du monde et des relations ? L’inversion de la normativité nous apporte ainsi des défis historiques, ontologiques évidents – identitaires et épistémiques.

Ainsi, des concepts tenus pour stabilisés se révèlent instables et polysémiques. La colonisation, l’impérialisme, la guerre coloniale ou les guerres de libération nationale, la résistance, (qui résiste à qui ?), les mouvements nationalistes, la décolonisation, les indépendances, les définitions d’appartenance, la citoyenneté, les migrants, les rapatriés, les réfugiés, les exilés sont quelques-uns des concepts naturalisés qui tendent maintenant à être remis en question et élargis dans une perspective comparative et transdisciplinaire.

La normativité du métarécit est, simultanément, réflexe et produit de l’intervention coloniale et de ses continuités tectoniques. Santos constate à cet égard que « bien au-delà de son impact économique, le colonialisme a tenu un rôle important dans la formation de la culture européenne et très spécifiquement de la culture politique. L’idée de la mission civilisatrice a conféré à la culture européenne un complexe de supériorité qui, avec le temps, s’est transformé en une marque qui « a rendu l’Europe incapable d’imaginer des relations horizontales entre les différences (…) », il est alors devenu « inimaginable (…) de donner une valeur intrinsèque à d’autres expériences ou d’autres cultures du monde extra-européen » (2011 : 134-135).

Poser le problème de la normativité du métarécit historique et celui de ses fondations coloniales (celles-ci étant comprises dans un sens large dans la mesure où le macro-récit reproduit un centre producteur d’histoire et l’exclusion des marges) implique de discerner ses pouvoirs et les effets au niveau de la constitution de ce qui pourrait s’appeler, dans le contexte de la rencontre coloniale, une ‘Histoire patriote’, c’est-à-dire officielle, sanctionnée politiquement, et les multiples historiographies nationalistes. Dans le contexte de ‘l’Histoire patriote’, on se retrouve confronté à une interprétation qui prétend affirmer une ‘version’ parfaite de l’histoire qui se déclare comme la vérité quant au passé. C’est cette version qui définit, par exemple, les appartenances identitaires et les ‘referential statements’ dont parlait LaCapra. C’est aussi cette version-ci qui se constitue en l’un des véhicules principaux des imaginaires sociaux fournissant les instruments conceptuels et les référentiels cognitifs avec lesquels se façonnent les récits sociaux sur le colonialisme portugais. Les historiographies nationalistes ouvrent déjà le champ à la création de communautés variées, au travers de récits multiples. Ou bien, avec elles, le regard en vient à se recentrer sur des sociétés complexes, non univoques ni homogènes, aux identités plurielles. C’est dans l’interaction avec ces historiographies que les codes binaires et dualistes de l’eurocentrisme, dénoncés par Quijano, s’effondrent. Ils provoquent l’inversion de la normativité impliquée par ‘l’Histoire patriote’.

Cette façon de poser le problème est, en réalité, pertinente, que ce soit pour le centre colonisateur, que ce soit pour les espaces colonisés, que ce soit pour les relations qu’ils maintiennent entre eux. Pour le centre colonisateur, ‘l’Histoire patriote’ aboutit au refus de sa propre décolonisation, c’est-à-dire au refus de son émancipation en relation à l’imaginaire impérial, ce qui complique la tâche de réconciliation avec soi-même (Santos, 2011). Pour les espaces colonisés, les historiographies nationalistes peuvent être – comme elles l’ont été en différents cas – converties en nouvelles ‘Histoires patriotes’, comme le démontre Borges Coelho. Mais elles pourront, également, se constituer, conjointement aux pratiques de mémoire, comme porte d’entrée pour accéder aux dissonances, aux discontinuités et aux ambivalences des expériences historiques de(s) rencontre(s) coloniale(s). Pour les relations entre les deux, il existe un potentiel d’inter-historicité que l’exercice de l’herméneutique diatopique peut inaugurer.

Traduit du portugais par Béatrice Bachelier

Reférences

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Antze, Paul ; Lambeck, Michael (org.), 1996, Tense Past. Cultural essays in trauma and memory. NY : Routledge.

Appadurai, Arjun, 1991, Modernity at Large : cultural dimensions of globalization. Minneapolis : University of Minnesota Press.

Araújo, Marta ; Maeso, Silvia R., 2010, « O Eurocentrismo nos Manuais Escolares de História Portugueses ». In Estudos de Sociologia (Araraquara), 15 (28), 239-270.

Araújo, Marta ; Maeso, Silvia R., 2011, « History textbooks, racism and the critique of Eurocentrism : beyond rectification or compensation ». In Ethnic and Racial Studies, (published via iFirst in 31 August 2011).

Araújo, Marta ; Maeso, Silvia, 2011, « A institucionalização do silêncio : a escravatura nos manuais de história portugueses ». In Ensino Superior (Revista SNESup), 38, Jan-Fev-Mar.

Ashcroft, George et al (orgs), 1998, Key concepts in Postcolonial Studies. NY : Routledge.

Assman, Jan, 1998 Moses the Egyptian : the Memory of Egypt in Western Monotheism. Harvard : Harvard University Press.

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Histoire et colonialisme : pour une inter-historicité RÉSUMÉ

La validité moderne des macro-récits historiques produit une distorsion de la construction des savoirs, de même qu’elle conditionne l’imaginaire collectif relatif au passé, au présent et aux possibilités d’un avenir. La critique postmoderne à ce sujet n’a pas contribué au dépassement de ces effets de distorsion, puisque l’auto-référentialité de la modernité occidentale n’a pas été surmontée. En nous focalisant sur l’histoire du colonialisme portugais et en explorant le potentiel des pratiques mémorielles aussi bien en tant que droit qu’en tant que ressource historique, il est ici argumenté que les histoires coloniales constituent l’un des espaces centraux pour l’exercice d‘une herméneutique diatopique conceptualisée par Boaventura de Sousa Santos, une herméneutique en tant que principe directeur en vue de la proposition d’une inter-historicité. Mots – clés : Histoire, colonialisme, mémoire, inter-historicité. History and Colonialism : For an Inter-historicity

Abstract Eng : The modern validity of historical macro-narratives produces the distortion of historical knowledge construction and also undermines the collective imaginary about the past, the present and the possibilities of a future. Post-modern criticism on this subject has not contributed to the surpassing of these distortion effects, since the self-referentiality of western modernity was not overcome. Focusing on the history of Portuguese colonialism and exploring the potential of memory practices, simultaneously as a right and as a historical resource, it is argued that colonial histories are one of the central arenas for the exercise of a diatopical hermeneutics, as conceptualized by Boaventura de Sousa Santos, which takes on as the guiding principle for the proposal of inter-historicity. Key words : History, Colonialism, Memory, Inter-Historicity, Diatopical hermeneutics

História e Colonialismo : Por uma Inter-historicidade

A vigência [9] moderna das macro-narrativas históricas, ou para usar a expressão de Lyotard (1984), das metanarrativas, produz a distorção não só da construção do conhecimento histórico – com as inevitáveis consequências ao nível dos modos de leitura das realidades contemporâneas -, como também enferma significativamente o imaginário colectivo sobre o passado, o presente e as possibilidades de futuro.

A crítica à metanarrativa, assim como ao olhar que decorre das suas ambições universalizantes, integram-se no vasto movimento da crítica à modernidade nas suas versões pós-estruturalistas e pós-modernas (cf. Santos, 1994, 2000, 2006 ; Rorty, 1979, 1999 ; Lyotard, 1979, Jameson, 1991, entre outros). Ao fazer implodir a metanarrativa, expondo as suas contingências e limitações do seu poder heurístico e confrontando-a com a diversidade dos modos de enunciação e interpretação, das narrativas, discursos e formas de significação, esta crítica assume-se como um dos mais fundamentais pilares do pós-modernismo que o pós-colonialismo recupera e elabora (cf., Chambers et al, 1996 ; Werbner et al, 1996 ; Lash, Friedman, 1994 ; Lash, 1999 ; Chakravorty-Spivak, 1999, Ashcroft et al, 1998 ; Bhabha, 1994 ; Mbembe, 2000 ; Quijano, 2000, entre outros).

Todavia, este consenso aparente oculta uma relação complexa, ambígua e conflitual entre pós-modernismo e pós-colonialismo. De facto, embora seja evidente que as duas posições partilham a crítica ao universalismo que celebrou o Ocidente como centro do mundo, o pós-colonialismo recusa aquela que é a falácia central do primeiro. A saber : a celebração do fim das metanarrativas, assim como a celebração da fragmentação, da pluralidade e da diferença não deverão assentar no esquecimento das desiguais relações de poder, nem ficar alienada numa espécie de cepticismo ou resignação fatal ou de uma renovada neutralidade epistemológica face à transformação social, caso contrário ficará « sempre por saber se a declaração do fim das metanarrativas e das totalidades hierárquicas não é ela mesma uma metanarrativa cuja totalidade e hierarquia se insinua na celebração da fragmentação e da diferença » (Santos, 2006 : 27-28).

É com o enfoque nestas relações desiguais e nas suas dinâmicas de produção e estruturação, como o capitalismo e o colonialismo, que a crítica à metanarrativa na perspectiva pós-colonial procura obviar os impasses em que redundaram os desenvolvimento das teorias pós-modernas, e nos quais caíram por razão da mesmidade que funda o seu projecto. Na realidade, tais impasses, já abundantemente enunciados e problematizados, enraízam-se na impossibilidade e incapacidade que o projecto pós-moderno apresenta de pensar-se para além de si mesmo, de pensar-se para além da sua própria imaginação e de pensar-se para além do seu lugar de enunciação. Trata-se aqui do vigor das estruturas de colonialidade do saber e do poder que Mignolo (2003 ; 2005) e Quijano (2000) abordam. Na sua crítica ao eurocentrismo, por exemplo, Quijano analisa a incapacidade de auto-superação do pensamento eurocêntrico, examinando comparativamente como as suas leituras emblemáticas do mundo – liberalismo, materialismo histórico e pós-modernismo -, se encontram ancoradas numa ideia de totalidade (sistémica, orgânica ou ausente/inexistente) que traduz o referencial inescapável de uma estrutura composta por elementos homogéneos, a-históricos que mantêm entre si relações lineares organizadas em função de tal estrutura. O olhar que daqui resulta, enviesado por uma profunda cegueira, não permite dar conta da diversidade de trajectórias históricas específicas, de espaços-tempos distintos, de relações conflituais, descontínuas, na medida em que articula esta heterogeneidade em função de um ideal de totalidade ou, em alternativa redundante, em função da negação dessa totalidade, remetendo-a para um cenário global imune às dinâmicas estruturantes das relações de poder. Como refere Santos, a questão central que se coloca aqui é que « a ideia de pós-modernidade aponta demasiado para a descrição que a modernidade ocidental faz de si mesma e nessa medida pode ocultar a descrição que dela fizeram os que sofreram a violência com que ela lhes foi imposta » (2006 : 25). A forma que concretiza o obviar pós-colonial destes impasses e falácias reside na transformação da lógica do projecto de pensamento, passando da mesmidade à alteridade impensada. Implica este pensar em novos termos as existências sociais como campos de relações estruturados através de articulações heterogéneas, contextuais, descontínuas entre elementos históricos, constituídos como singularidades.

No campo da história, isto implica um complexo esforço que passa pela crítica epistemológica aos termos e condições em que tem sido produzido o conhecimento histórico, pela desnaturalização dos significados e referências cognitivas que as metanarrativas produziram e consolidaram em imaginários sociais e pela integração dialógica dos impensados, das ausências e das inexistências que essas metanarrativas permitiram criar. As experiências do(s) colonialismo(s) afiguram-se a este respeito como um dos espaços mais propícios para esse encontro dialógico. É, no entanto, de salientar, que tal encontro dialógico não se constituirá enquanto embate de pretensões mutuamente excludentes, do qual resultaria novos universalismos. A ser cumprido, deverá sê-lo na « consciência mais aprofundada e recíproca das muitas incompletudes de que é feita a diversidade cultural, social e epistemológica do mundo », a que Santos denomina de hermenêutica diatópica (2006 : 21).

Reconhecendo-se a centralidade do colonialismo da formação do ethos europeu, é no campo da história que se digladiam as tendências conservadoras da história oficial e da memória autorizada, onde se alimenta a confortante sedução pela versão cabal do passado histórico providenciado pela metanarrativa, e a produção de conhecimento histórico assente nos exercícios da hermenêutica diatópica entre narrativas, memórias, experiências e interpretações – entre singularidades descontínuas de distintos lugares de enunciação.

Análises produzidas sobre o ensino da história em Portugal têm vindo a demonstrar a prevalência destas posições conservadoras. Elas, por exemplo, esclarecem como o ensino da história do colonialismo a sucessivas gerações de portugueses foi enfermado por uma série de mistificações que, longe de serem fonte de conhecimento, deverão ser encaradas como objectos de estudo em si mesmas. (Guimarães, 1983).

E, de facto, o que diversas investigações contemporâneas sobre esta matéria têm revelado é o predomínio de uma visão eurocêntrica da história portuguesa, assente numa concepção teleológica do tempo histórico e numa geografia baseada na dicotomia centro-periferias. Esta visão produz e explica o carácter despolitizado das narrações sobre o colonialismo português, assim como sobre as dinâmicas de poder e de violência que este engendrou.

O trabalho de Marta Araújo e Silvia Maeso sobre os manuais escolares de história portugueses analisa esta questão e demonstra a persistência de uma imaginação imperial. Para as autoras, « Enquanto a “Revolução Americana” é apresentada com um processo bem sucedido de democratização e formação da nação, os processos de “Independência” na África do século XX e mais precisamente, a chamada “Guerra Colonial” entre Portugal e as suas colónias, são considerados não como processos políticos, mas “Guerra de Guerilha” ; apresentando imagens que acentuam o carácter violento da guerrilha : “Soldados portugueses capturados por tropas da guerrilha angolana” (H9, p.179). De modo similar, a narrativa descreve o comportamento violento dos colonizadores portugueses como sendo defensivo, enquanto o da “guerrilha angolana” é apresentado como assassino : Um sentimento generalizado de medo entre os colonos levou-os a matar a muitos indígenas enquanto outros fugiram, indo juntar-se aos guerrilheiros. Posteriormente, tribos do Norte de Angola assassinaram centenas de colonos (H9, p.178). A descrição das tropas guerrilheiras angolanas como “tribos” constitui um elemento importante uma vez que a África contemporânea é frequentemente descrita como um continente falhado (devido ao falhanço dos seus Estados-Nacionais), apanhado nas malhas da corrupção, pobreza e violência interna » (2010 : 250). [10]

Nestas descrições, enfermas por efeito de uma despolitização desresponsabilizante, produz-se o distanciamento para com e a isenção relativamente à violência que o encontro e o domínio colonial produziram. As estratégias discursivas que configuram estes textos pedagógicos do ensino de história em Portugal desvelam, por seu turno, a actualização constante de uma ‘imaginação imperial’ (Pratt, 2008) que reproduz a hierarquização social, cultural, simbólica e moral das partes em confronto na guerra colonial : ao colono e ao soldado opõe-se o rebelde, o insurrecto, o terrorista ; à atitude defensiva dos primeiros opõe-se o comportamento violento dos segundos.

Um dos problemas mais significativos nestas ordens discursivas é que delas decorre a reprodução, a disseminação e a legitimação dessa mesma imaginação imperial, a qual não só condiciona a percepção da realidade (do passado, como do presente), como também é ela mesma produtora de realidade (Appadurai, 1997). No seu texto « Memory, History, Fiction. A note on the politics of the past in Mozambique », João Paulo Borges Coelho salienta a propósito do caso moçambicano e da sua noção de memória política (oficial, controlada pelo poder), o modo pelo qual os Estados desenvolvem mecanismos para controlar e manipular o passado em função da criação de uma memória política que lhes seja favorável e que se transforme a longo prazo numa memória colectiva e histórica [11]. É nesta longue durée que se produz a realidade que dada metanarrativa, consagrada como história oficial e cristalizada como memória colectiva, carrega em si mesma. Nestes processos, como Chakravorty-Spivak notou, « what is our narrativization of history is seen not only ‘as it really was’, but implicitly ‘as it ought to be’ » (1999 : 222).

A actualização desta imaginação imperial pelo trabalho histórico sobre o colonialismo, nomeadamente o português, assenta na vitalidade com que as estruturas de colonialidade do poder e do conhecimento actuam ao nível da produção do conhecimento histórico. Quijano explica-nos a este propósito que « la modernidad y da racionalidad fueron imaginadas como experiencias y productos exclusivamente europeos. Desde esse punto de vista, las relaciones intersubjectivas y culturales entre Europa, es decir Europa Occidental, y el resto del mundo, fureon codificadas en un juego entero de novas categorias : Oriente-Occidente ; primitivo-civilizado ; mágico/mítico-científico, irracional-racional, tradicional-moderno. En suma, Europa y no-Europa. (…) No los ‘indios’ de América. Tampouco los ‘negros’ del Africa. (….) Esa perspectiva binária, dualista, de conocimiento peculiar del eurocentrismo, se impuso como mundialmente hegemónica en el mismo cauce de la expansión del domínio colonial de Europa sobre el mundo » (2000 : 211). [12]

Desenvolvendo a sua epistemologia crítica sobre o trabalho histórico, Tony Bennet (1999) elabora sobre a impossibilidade de se aceder ao passado e sobre as consequências de se ter apenas acessos a arquivos, eles próprios historicizados, considerando que o estatuto do conhecimento histórico não jaz no pilar da verdade positivista, mas na sedimentar realidade do presente e nas realidades que as historiografias do presente mantêm, preservam ou transformam. Na produção do conhecimento histórico, apenas uma observação de segunda ordem capaz de desnaturalizar instrumentos conceptuais e referenciais cognitivos poderá trazer a consciência de que esse conhecimento não é tanto sobre o ‘passado como foi’, mas sobre o ‘passado como é (significa/ importa) para o presente’. Isto ajuda-nos a compreender a forma pela qual a vigência de uma ‘imaginação imperial’ condiciona, sem essa observação de segunda ordem, uma leitura naturalizada e unívoca do ‘passado como foi’ e que, frequentemente, retrata apenas ‘o passado como é (significa/ importa) para o presente’. Ankersmit (2001), outro teórico do construtivismo radical no campo da história, reflectindo sobre as relações entre historiografia e ficção, problematiza a forma como as leituras realizadas a partir de fragmentos do passado produzem imagens icónicas sobre esse mesmo passado. A partir do momento em que estas imagens icónicas se difundem pela história oficial e se estabilizam na memória colectiva, desafiar a sua veracidade torna-se mais complexo.

Ambas as posições procuram contrariar os efeitos da historiografia positivista que, embora tenha sido objecto de duras críticas, permanece como uma importante fonte de ‘referential statements’ (LaCapra, 2001) quer ainda para a produção do conhecimento histórico, quer para o ensino da história, como no caso português, quer para imaginários sociais. Todavia, o assinalar da forma como factores políticos, ideológicos, estéticos, etc., constroem a estrutura das interpretações sobre o passado, como o faz Ankersmit, poderá redundar em impasse se outras vias de compreensão do passado, nomeadamente a memória e a experiência, não puderem ser articulados com essa crítica. É o que faz LaCapra no seu trabalho sobre o Holocausto, considerando o autor que « testemonies serve to bring theorectical concerns in sustained contact with the experience of people who lived through events and suffered devastating losses. They also raise the problem of the role of affect and empathy in historical understanding itself » (2001 : XVI).

É, pois, de realçar a forma como a macro-narrativa histórica silencia as perspectivas, as narrativas, as experiências, as memórias dos actores que não falam a partir do e pelo centro que autoriza, sanciona, legitima e dissemina a mesma macro-narrativa, minando, na perspectiva de LaCapra, a própria possibilidade de compressão histórica do passado. Como diria Bourdieu, « a censura mais radical é a ausência » (1989:55).

Este silenciamento do ‘outro’ deriva e participa, por seu turno, de uma concepção colonial do mundo e do outro e de uma conceptualização teleológica do tempo, geradoras de violência e de classificações hierarquizadas das realidades humanas. Nesta concepção, África foi sendo cristalizada como o ‘continente recusado’, o lugar dos extremos negativos, o paradigma radical da diferença radical [13], cuja integração na dinâmica da história, concebida esta de acordo com as ideias triunfalistas do progresso, foi inaugurada e tornada possível apenas pela intervenção do centro colonial/imperial com as suas tecnologias de domesticação do espaço, do tempo, do corpo, do espírito, da rotina e das relações, legitimadas cientificamente pela atribuição de inferioridade ao colonizado. Ecoando o criticismo de Diop (v.g.,1981) sobre o ahistoricismo com que África foi sendo retratada pela academia, Mudimbe alertava para o facto de que, com a expansão europeia, a Europa submeteu o mundo à sua memória (1994). Esta percepção da desigualdade radical que África encarnava, ancorava-se claramente numa lógica de espelhos invertidos.

As histórias coloniais constituem, pois, um espaço por excelência para o exercício da hermenêutica diatópica. É que « longe de pretender reconstituir a completude cultural (…), aprofunda a incompletude cultural, transformando a consciência inicial da incompletude (…) numa consciência auto-reflexiva. (…) a auto-reflexividade exprime o reconhecimento da incompletude cultural da cultura de cada um tal como é vista ao espelho da incompletude cultural de outra cultura em diálogo » (Santos, 2006 : 425). No campo da história e das suas metanarrativas, este exercício de inter-culturalidade transforma-se assim num exercício de inter-historicidade.

Neste âmbito da inter-historicidade do colonialismo, uma das estratégias que nos afigura ser de pertinência maior é o recuperar da memória enquanto objecto de interrogação e fonte de uma epistemologia crítica que incide sobre as condições e os termos da produção do conhecimento histórico validado, assim como sobre as condições e as enunciações dos imaginários sociais que aquele inaugura e sedimenta. Desconstruir a macro-narrativa passa por reabilitar o que não foi enunciado como objecto ou tema histórico, e relegado para o plano privado e íntimo da memória – tarefa esta que se insere num movimento mais vasto de reteorização contemporânea do papel e do valor da memória, iniciado na primeira metade do século XX por Halbawchs (1925, 1950), e de problematização dos significados, possibilidades e responsabilidades da história (cf., Antze ; Lambeck, 1996 ; Werbner, 1998 ; Assman, 1998 ; Ricoeur, 2000 ; Ollick, 2003 ; Brito et al, 2004 ; Booth, 2006 ; Santos, 2006 ; Jenkins 1995, entre outros).

Esta reabilitação da memória significa reconhecê-la como um repositório de histórias alternativas e de verdades subalternas (Guha, 1996) ; como o meio para aceder e analisar as formas subjectivas pelas quais o passado é (re)introduzido e usado para construir o presente, mediante processos individuais e sociais ; e como o meio para aceder às dissonâncias, discontinuidades e ambivalências das experiências históricas do(s) encontro(s) colonial(ias). Duas ideias centrais são de realçar neste momento. Por um lado, a necessidade de explorar o potencial da memória enquanto recurso que poderá constituir nova resposta à célebre questão de Chakravorty-Spivak. Ou seja, poderá a memória constituir-se como espaço de auto-nomeação do subalterno ? A admissão de tal possibilidade implica pensar as práticas de memória como espaços discursivos, cuja efectividade em termos de auto-nomeação, alerta para as formas como a colonialidade se constitui não só como problema de conhecimento, mas também como problema de relação. Não se trata só do que ‘falam’ estas práticas de memória ; trata-se também da capacidade de as ouvir e de ser por elas interpelado, o que requer uma crítica aos processos de colonialidade e de eurocentrismo não só como formas de dominação, mas também como limitação, incapacidade e esgotamento. Para além disso, a (re)conquista do poder de narrar a própria história – e, portanto, de construir um espaço para práticas de auto-nomeação e de identidade – deverá passar por um diálogo crítico sobre as raízes das representações contemporâneas, sobre a sua ancoragem na biblioteca colonial, questionando as geografias associadas a conceitos marcados pela relação colonial. Quer para o sujeito colonizado, quer para o sujeito colonizador. Daqui decorre a segunda ideia : centrar o trabalho histórico nas desarticulações e descontinuidades em que a metanarrativa histórica é lançada por estas práticas de memória e, simultaneamente, explorar como nessas desarticulações são produzidos textos e sujeitos.

O reconhecimento da memória como objecto de interrogação pressupõe, e simultaneamente aprofunda, um engajamento crítico e reflexivo com a própria natureza da memória enquanto prática complexa que envolve quer a evocação voluntária, como a latência ou a irrupção involuntária do silenciado, esquecido ou reprimido (cf. Antze, P. ; Lambeck, M, 1996 ; Brito et al, 2004). Esta complexidade envolve ainda os usos do passado como modelo heurístico e interpretativo do presente e do futuro. Isto significa que o valor em articular narrativamente o passado é apreendido ao nível dos seus fins e efeitos morais, quer por referência às necessidades e constrangimentos que o presente impõe, quer por referência às expectativas sociais sobre o futuro. Desconstruir a metanarrativa histórica e os seus efeitos excludentes e silenciadores, no sentido proposto pela hermenêutica diatópica, conduz-nos ao reconhecimento da diversidade e da singularidade das experiências e narrativas, das versões históricas e da produção de significados e sentidos a partir de lugares distintos. Este exercício de inclusão e de amplificação do que se nomeia como questões históricas e como memórias válidas e pertinentes implica, por sua vez, um constante dialogar entre tais experiências, narrativas, roteiros, significados e sentidos – dialogar esse que, ao invés de ser conduzido em função da construção de uma nova macro-narrativa ou de uma nova versão universalizante e totalitária da história, serve a democratização das memórias, assim como o direito à história. Como demonstra Paula Meneses, a propósito de Moçambique, o reconhecimento do direito às memórias, individuais ou colectivas, participa de processos de alargamento democrático, assim como do reconhecimento dos vários diversos impactos do passado sobre os sujeitos (2010). Também neste sentido, alertava Soyinka como a demissão da memória, enquanto direito e enquanto recurso histórico, é germana da entronização de uma cultura política da impunidade (1999).

Para uma democratização das memórias há, pois, que reconhecer que o mundo é feito de múltiplas histórias. Há que reconhecer também a diversidade de formas pelas quais o passado e as concepções, expectativas e projecções sobre o futuro enformam o presente. Há ainda que reconhecer que a univocalidade da macro-narrativa histórica, sendo produtora de significados que se pretendem universais, exclui precisamente a diversidade das etno-ontologias e as complexas formas de significação (atribuição de significado) históricas e identitárias. Nesta acepção, democratizar significa, por isso, alargar o espaço para a produção de conhecimentos e este alargar deverá assumir uma dinâmica dialógica e não normativa e univocal, isto é, uma dinâmica assente na própria possibilidade de falar com, em vez de falar apenas sobre outros mundos e experiências, desvelando as estruturas e as lógicas de poder de que falava Quijano. É precisamente nesta dinâmica dialógica entre sujeitos que reside também a possibilidade de obviar os já enunciados limites da leitura pós-moderna.

Nos esforços por esta democratização das memórias, tornar-se-á evidente que aos silenciamentos da meta-narrativa se sucedem as dissonâncias – dissonâncias entre conceitos, interpretações, cronologias, significados e experiências. [14]

O valor destas dissonâncias deverá assim ser re-avaliado. Na sua apreciação normativa, a dissonância parece carregar em si o fardo do caos que, dada a natureza que lhe é atribuída, é dificilmente inteligível. Todavia, a dissonância que o ampliar do direito e do exercício da história e da memória implicam não é o sinal do caos e da incomunicabilidade a que nos condena a celebração pós-moderna hegemónica da fragmentação e da diferença.

É, acima de tudo, sinal de complexificação. E de uma complexificação que, por ser includente, permite que as vozes das narrativas, experiências e memórias sejam reflexivas, isto é, pensem sobre si próprias e se problematizem nas suas relações com os lugares, os passados e os presentes dissonantes. Tal significa, por exemplo, repensar a questão colonial em Portugal, fazendo dela uma questão constituinte e não meramente constituída, terminada, respondida. Se sob o signo da descolonização, a percepção dominante é que o colonial se restringe nos espaços fora de Portugal, o confronto dialógico da macro-narrativa histórica portuguesa com os seus silêncios e esquecimentos e com outras experiências e roteiros da história deverá permitir esta mesma reflexividade.

A abordagem aqui preconizada pretende assim inverter as posições normativas, inverter os termos e as formas de enunciação. O que nos diz o mundo a partir desta inversão ? O que sucede aos sentidos da história ? O que sucede aos sentidos identitários e de pertença ? O que sucede à epistème dominante e ao conhecimento enquanto enunciação e organização do mundo e das relações ? A inversão da normatividade traz-nos, assim, evidentes desafios históricos, ontológicos – identitários e epistémicos.

Assim, conceitos tidos por estabilizados revelam-se instáveis e polissémicos. Colonialização, imperialismo, guerra colonial ou guerras de libertação nacional, resistência (quem resiste a quem ?), movimentos nacionalistas, descolonização, independências, definições de pertença, cidadania, migrantes, retornados, refugiados, exilados são alguns dos conceitos naturalizados que tendem agora a ser questionados e ampliados numa perspectiva comparada e transdisciplinar.

A normatividade da metanarrativa é, simultaneamente, reflexo e produto da intervenção colonial e das suas continuidades tectónicas. Santos constata a este respeito que « muito para além do seu impacto económico, o colonialismo teve um papel importante na formação da cultura europeia e muito especificamente da cultura política. A ideia da missão civilizadora conferiu à cultura europeia um complexo de superioridade que com o tempo se transformou num traço que « incapacitou a Europa para imaginar relações horizontais entre diferenças (…) », tornando-se « inimaginável (…) dar valor intrínseco a outras experiências ou culturas do mundo extra-europeias » (2011 : 134-135).

Problematizar a normatividade da metanarrativa histórica e as suas fundações coloniais (entendidas estas num sentido amplo na medida em que a macro-narrativa reproduz um centro produtor de história e a exclusão das margens) implica discernir os seus poderes e os efeitos ao nível da constituição do que se poderia denominar, no âmbito do encontro colonial, de uma ‘História Patriota’, isto é oficial, sancionada politicamente, e as múltiplas historiografias nacionalistas. No âmbito da ‘História Patriota’, é-se confrontado com uma interpretação que pretende afirmar uma ‘versão’ cabal da história que se afirma como a verdade acerca do passado. É esta a versão que define, por exemplo, pertenças identitárias e os ‘referential statements’ de que LaCapra falava. É também esta a versão que se constitui num dos principais veículos dos imaginários sociais que fornecem os instrumentos conceptuais e os referenciais cognitivos com que se emolduram as narrativas sociais sobre o colonialismo português. Já as historiografias nacionalistas abrem campo para a criação de comunidades várias, através de múltiplos relatos. Ou seja, com elas, o olhar passa a centrar-se em sociedades complexas, não unívocas ou homogéneas, com identidades plurais. É na interacção com estas historiografias que os códigos binários e dualistas do eurocentrismo, denunciados por Quijano, colapsam. Elas provocam a inversão da normatividade que a ‘História Patriota’ implica.

Esta problematização é, na realidade, pertinente quer para o centro colonizador, quer para os espaços colonizados, quer para as relações que mantêm entre si. Para o centro colonizador, a ‘História Patriota’ redunda na recusa da sua própria descolonização, isto é, na recusa da sua emancipação em relação ao imaginário imperial, o que dificulta a tarefa de reconciliação para consigo mesmo (Santos, 2011). Para os espaços colonizados, as historiografias nacionalistas podem ser – como o foram em vários casos – convertidas em novas ‘Histórias Patriotas’, tal como demonstra Borges Coelho. Mas poderão, igualmente, constituir-se, juntamente com as práticas de memória, como porta de entrada para aceder às dissonâncias, discontinuidades e ambivalências das experiências históricas do(s) encontro(s) colonial(ias). Para as relações entre ambos, existe um potencial de inter-historicidade que o exercício da hermenêutica diatópica pode inaugurar.

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Sumário :

A vigência moderna das macro-narrativas históricas produz o enviesamento não só da construção do conhecimento histórico, como também enferma significativamente o imaginário colectivo sobre o passado, o presente e as possibilidades de futuro. A crítica pós-moderna a este respeito não tem contribuído para a superação destes efeitos de distorção, da medida em que a auto-referencialidade da modernidade ocidental não é obviada. Focando a história do colonialismo português e explorando o potencial das práticas de memória, enquanto direito e enquanto recurso histórico, argumenta-se que as histórias coloniais constituem um dos espaços centrais para o exercício da hermenêutica diatópica, na acepção de Boaventura de Sousa Santos, a qual se assume como o princípio orientador da proposta de inter-historicidade.

Palavras – Chave : História, Colonialismo, Memória, Inter-historicidade.

History and Colonialism : For an Inter-historicity

Abstract Eng : The modern validity of historical macro-narratives produces the distortion of historical knowledge construction and also informs the collective imaginary about the past, the present and the possibilities of a future. Post-modern criticism, in its turn, has not contributed to the surpassing of these distortion effects, since the self-referentiality of western modernity was not overcome. Focusing on the history of Portuguese colonialism and exploring the potential of memory practices, simultaneously as a right and as a historical resource, it is argued that colonial histories are a central arena for the exercise of a diatopical hermeneutics, conceptualized by Boaventura de Sousa Santos, which is the guiding principle for the proposal of inter-historicity.

Key words : History, Colonialism, Memory, Inter-Historicity, Diatopical hermeneutics

NOTES

[1] Le présent document résulte de la communication « Arquivos do Silêncio : Estilhaços e Memórias do Império » (‘Archives du silence : pièces et mémoires de l’Empire’), présentée par Paula Meneses et Catarina Gomesno, Cours de Formation Avancée du même titre, réalisée les 17 et 18 juin 2011 au CES - Lisbonne. Organisation : Maria Paula Meneses, Catarina Gomes et Bruno Sena Martins. Centro de Estudos Sociais (CES). Université de Coïmbre. Portugal.

[2] Voir aussi Araújo, M. ; Maeso, S. R., 2011, 2011a.

[3] 2010. Document inédit.

[4] « ce qui est notre narrativisation de l’histoire est vu non seulement ‘comme ce qui était vraiment’ mais implicitement ‘comme cela devrait être’ ».

[5] « La modernité et la rationalité ont été imaginées comme expériences et produits exclusivement européens. De ce point de vue, les relations intersubjectives et culturelles entre l’Europe, c’est-à-dire l’Europe occidentale, et le reste du monde, ont été codifiées comme un ensemble de nouvelles catégories : Orient-Occident ; primitif-civilisé ; magique/mythico-scientifique, irrationnel-rationnel, traditionnel-moderne. En somme, l’Europe et la non-Europe. (…) Pas les ‘Indiens’ d’Amérique. Ni les ‘nègres’ d’Afrique. (….) Cette perspective binaire, dualiste, de connaissance particulière de l’eurocentrisme, s’est imposée comme mondialement hégémonique par le même canal de l’expansion de la domination coloniale de l’Europe sur le monde ». Pour une analyse des réflexes dans la production académique sur le racisme, voir Maeso, Silvia R. ; Araújo, M., 2011.

[6] « les témoignages servent à maintenir les préoccupations théoriques en contact prolongé avec l’expérience des gens qui ont vécu les événements et ont souffert des pertes dévastatrices. Ils soulèvent aussi le problème du rôle des émotions et de l’empathie dans la compréhension historique elle-même ».

[7] En fait, décrite comme continent sans passé et sans histoire, l’Afrique a représenté, dans la vision cosmique européenne classique et moderne, le vide par excellence, celui-ci étant défini par l’absence de tout ce qui, à son tour, définissait l’identité d’une Europe croyant au triomphe de son histoire et de son développement.

[8] Par exemple, comme mentionné précédemment à propos des manuels d’histoire scolaires, la description dominante des guerres de libération nationale comme guerres de guérilla contre lesquelles les Portugais se défendaient.

[9] O presente paper resulta da comunicação « Arquivos do Silêncio : Estilhaços e Memórias do Império », apresentada por Paula Meneses e Catarina Gomesno Curso de Formação Avançada com o mesmo título, realizado em 17 e 18 de Junho de 2011 no CES - Lisboa. Organização : Maria Paula Meneses, Catarina Gomes e Bruno Sena Martins. Centro de Estudos Sociais (CES). Universidade de Coimbra. Portugal.

[10] Ver também Araújo, M. ; Maeso, S. R., 2011, 2011a.

[11] 2010. Unpublished paper.

[12] Para uma análise sobre os reflexos na produção académica sobre o racismo, ver, Maeso, Silvia R. ; Araújo, M., 2011.

[13] De facto, descrita como continente sem passado e sem história, África representou, na cosmovisão europeia clássica e moderna, o vazio por excelência, sendo este definido pela ausência do tudo aquilo que, por seu turno, definia a identidade de uma Europa crente no triunfo da sua história e do seu desenvolvimento.

[14] Por exemplo, como atrás foi mencionado a propósito dos manuais escolares de história, a descrição dominante das guerras de libertação nacional como guerras de guerrilha das quais os portugueses se defendiam.