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Ressources documentaires et bibliographiques

Les études de cas du programme

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auteur-s

- Mancebo François

à propos

Présentation du cas et des axes de recherche.

Date

avril 2011

Résumé

Dans le cas du cyclone Katrina, une catastrophe environnementale a été à l’origine du plus vaste mouvement de population aux Etats-Unis depuis le Dust Bowl des années vingt.

Encore convient-il de préciser. Il existe, certes, des phénomènes naturels dont les cyclones font partie. Ils n’ont pas pour cause l’action humaine, même si leur intensité ou leur fréquence peut en être affectée dans l’hypothèse d’une relation en réchauffement climatique global et activité cyclonique. Par contre, leurs effets catastrophiques dépendent de la manière dont les hommes aménagent leur espace de vie ou plus exactement du risque qu’ils acceptent de prendre volontairement ou non, consciemment ou non : choix historique de fonder la ville là plutôt qu’ailleurs, choix individuels cumulatifs d’y habiter, choix sociétaux et choix institutionnels d’urbanisation. Une catastrophe "naturelle" est donc, fondamentalement, une catastrophe "humaine" en ce qu’elle résulte de choix d’exposition ou non à l’aléa.

Ainsi, les marécages et les mangroves de Louisiane ont un rôle de protection contre les cyclones : ils absorbent une grande partie de l’énergie cinétique destructrice des cyclones à la manière dont une pelouse épaisse et dense absorbe la puissance d’un jet d’eau qui, sur une allée en ciment, éclabousserait avec force en tous sens. Or, ils tendent à disparaître, sous l’action humaine, depuis les années trente. En effet, les sols "mous" marécageux s’enfoncent naturellement en se tassant ; tassement normalement compensé par des apports alluvionnaires du Mississipi. Mais, cet apport ne se fait plus. Les coupables principaux sont les barrages en amont qui bloquent les sédiments et la multitude de canaux, tuyaux et digues et batardeaux qui quadrillent la plaine côtière et favorisent les dépôts prématurés de sédiments. De plus, ville, située en dessous du niveau de la mer, a naturellement tendance à garder les eaux qui l’envahissent sans cesse. Des pompes énormes expulsaient donc ces eaux en permanence par trois canaux de décharge —outfall canals— dans le lac Pontchartrain. Or, celles-ci, situées à des endroits particulièrement vulnérables sans aucune protection, ont cessé de fonctionner dès que les premières levées ont cédé, ce qui a amplifié la catastrophe.

C’est ainsi que 80 % de la Nouvelle-Orléans a été inondé, sous l’action combinée d’un phénomène naturel extrême et de politiques d’aménagement aberrantes. À l’issue du passage du cyclone, près de 80 % de la population est partie ou a été évacuée. En octobre 2005, on considérait que Katrina avait déplacé quelque 1 360 000 personnes. En janvier 2006, la Federal Emergency Management Agency (FEMA) réévaluait le nombre de déplacés à plus de 2 millions. Fin 2006, plus de 40% n’étaient pas revenus ; 60% pour l’aire métropolitaine de la Nouvelle-Orléans.

- Que sont-ils devenus ?
- Comment les qualifier ? S’agit-il de réfugiés ou de migrants ?

A l’heure où les déplacements de population dus à des catastrophes majeures risquent de se multiplier un peu partout dans le monde, il est urgent de comprendre les mécanismes et les enjeux : Katrina nous en offre l’opportunité.